Zoom. Lancée au mois d’octobre, la plateforme met en contact des candidats à l’inscription dans des universités étrangères avec des étudiants déjà enregistrés. Rencontre avec son jeune fondateur.
Etudier à l’étranger, c’est d’abord choisir une université… sans savoir exactement où l’on met les pieds. Unibudy se veut l’ami des jeunes diplômés confrontés à ce choix. La plateforme les met en relation directe avec des étudiants déjà inscrits. Objectif: permettre aux candidats «d’entrer à l’intérieur des universités» et d’obtenir des informations pertinentes en provenance de personnes connaissant non seulement les cours, mais aussi la vie sur le campus. «Cela remplace l’ami ou le grand frère que l’on n’a pas dans l’université, explique Diego Fanara, 22 ans, qui vient de lancer le projet avec deux associés. Le résultat est nettement plus complet qu’en utilisant les communications officielles des écoles.»
L’idée d’Unibudy, le jeune entrepreneur français l’a eue alors qu’il effectuait ses études de finance à l’Imperial College de Londres, après avoir obtenu sa maturité à Genève. Il avait également envoyé sa candidature à la London School of Economics (LSE) et avait été accepté dans les deux établissements. «C’était très difficile de faire un choix, les deux écoles avaient l’air identiques pour effectuer un master en finance. En me renseignant auprès des officiels, il en est ressorti que l’Imperial College était très orienté vers la pratique, d’où mon choix.» Les cours se révèlent cependant plus théoriques que prévu, ce qui déçoit l’étudiant. Il se rend compte qu’il lui aurait été particulièrement utile d’avoir connu au préalable une personne ayant effectué ce cursus pour le conseiller.
Coaching à distance
Au cours de sa formation, il reçoit sur son compte Facebook d’innombrables messages de gens qu’il ne connaît pas lui demandant des informations sur son université. Constatant l’existence d’une demande, il décide de lancer le site Unibudy.com en octobre 2015. Le principe est simple. Les candidats recherchent des mentors dans l’université souhaitée. Dans un premier temps, ils leur envoient les questions qu’ils souhaitent leur poser, puis conviennent d’un rendez-vous pour chatter durant quarante-cinq minutes, moyennant le paiement d’une somme d’environ 20 francs (sur laquelle une commission est prélevée). Ils peuvent aussi se faire coacher pour la rédaction de leur lettre de motivation et l’élaboration d’un dossier de candidature pour une cinquantaine de francs. Des rencontres physiques entre les deux parties sont également prévues. A noter que les mentors sont évalués par les candidats. Ces derniers ne paient que s’ils sont satisfaits de la prestation.
Pour faire connaître leur site, Diego Fanara et son équipe se rendent sur les campus munis de pancartes et de t-shirts au nom de la plateforme et présentent le projet aux étudiants qu’ils croisent. Pour l’heure, ils ont réuni un millier de mentors en provenance d’une quarantaine d’universités en Angleterre, en France et en Espagne. Ils ont effectué récemment une tournée en Suisse romande pour trouver des candidats intéressés par des universités anglaises au sein d’établissements comme l’Ecole internationale de Genève, l’Ecole Moser, à Genève et Nyon, l’Ecole Lémania à Lausanne, le Collège Aiglon, à Villars, et le Collège du Léman, à Versoix. Ils souhaitent fortement développer leurs activités en Suisse dans les mois à venir. Diego Fanara, frère du skieur français Thomas Fanara, dit avoir reçu plusieurs propositions de financement au moment de lancer son projet.
Accès direct et informel
Fondateur et président d’honneur de Logitech, Daniel Borel a de tout temps encouragé les jeunes à partir étudier à l’étranger. Lui-même n’aurait pas pu réaliser tous ses rêves s’il n’avait pas rejoint, à 26 ans, l’Université de Stanford avec l’appui d’une bourse suisse. Cela lui a notamment permis de vivre de l’intérieur «l’effervescence naissante de la Silicon Valley», où ses professeurs «géraient une start-up entre deux cours». Il se montre très intéressé par le projet Unibudy. «L’éducation est un secteur d’avenir qui voit apparaître de nombreuses innovations, notamment en raison de l’accroissement de l’offre de formation et de l’internationalisation des étudiants. Cette plateforme colle au mode de vie des jeunes générations, qui ont adopté le fonctionnement de l’économie à la demande grâce à des outils technologiques permettant l’approvisionnement immédiat de biens et de services.»
Ce site pourrait être utile pour un grand nombre d’écoles, ajoute encore Daniel Borel. «C’est un domaine bien large et nous n’en sommes qu’au début, mais il est intéressant de voir les chemins qui se développent pour guider les étudiants dans le choix de leur future université. Je n’avais pas cela lorsque j’ai moi-même postulé à Stanford en 1976!»
Rédigé par William Türler