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Artisanat: «Tiens, chérie, de l’ivoire pour la Saint-Valentin»

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Jeudi, 11 Février, 2016 - 05:41

Zoom. Issue du fruit du palmier, la tagua ressemble à s’y méprendre à de l’ivoire animal. Gros avantage, elle permet de garder bonne conscience... Un cadeau parfait pour la journée des amoureux.

Envie de faire un cadeau bluffant pour la Saint-Valentin? Alors misez sur l’ivoire végétal. Pas besoin de mutiler un éléphant pour obtenir cette matière de couleur laiteuse, à la fois lisse et dure, appelée aussi tagua ou corozo. Il suffit de récolter les fruits du palmier à ivoire, qui croît dans la forêt amazonienne en Colombie, au Pérou, au Brésil et en Equateur.

Les fruits de ces arbres, qui poussent dans des endroits denses et ombragés, contiennent de l’albumen, une sorte de lait sucré qui se durcit pour prendre la forme d’une très grosse perle, voire d’un œuf, et devenir de l’ivoire végétal. Chaque fruit, qui a l’apparence d’une bogue grossière et brune, contient plusieurs énormes perles, soit les graines. Ces précieuses boules d’ivoire sont encore protégées par une coquille. C’est en éliminant cette protection gainante que l’on accède enfin au graal végétal. Chacun de ces arbres produit une demi-douzaine de fruits par année,lesquels peuvent contenir jusqu’à seize boules d’ivoire, toutes différentes les unes des autres, soit environ 20 kilos par année.

Importatrice de bijoux fabriqués en Colombie, la Vaudoise d’adoption Nicole Albrecht Araujo* est une passionnée d’ivoire végétal. Deux fois par an, elle retourne dans le pays où elle est née, où elle a grandi jusqu’à l’âge de 13 ans, pour rendre visite aux artisans bijoutiers, découvrir leurs nouvelles créations, leur passer commande et faire un tour chez les producteurs de tagua.

Du bouton aux bijoux

«Après avoir acheté différentes récoltes de boules d’ivoire végétal, ils les font sécher, parfois jusqu’à deux ans pour que la matière devienne assez dure. C’est là que réside tout le professionnalisme de ces artisans. Si l’on traite trop tôt l’ivoire végétal, il est impossible de le travailler à la machine.» L’ivoire est ensuite plongé dans de grands bassins de teinture naturelle: il en ressort bleu, vert, jaune, rouge, orange, violet, rose ou même noir. Toutes les couleurs sont possibles. En fine connaisseuse du marché, Nicole Albrecht Araujo ne jure que par l’ivoire colombien, «parfaitement poli et façonné à un haut niveau. Il n’y a que deux spécialistes à Bogotá qui travaillent la tagua de façon classique, dont un qui arrive à produire des sphères, soit des perles parfaites. De plus, il y trace des dessins au laser.» Traditionnellement, cette matière servait à confectionner des boutons.

Actuellement, la Vaudoise collabore avec trois bijoutiers qu’elle connaît personnellement et avec lesquels elle imagine parures, boucles d’oreilles et sautoirs, en ivoire végétal uniquement ou alliés à des éléments en corne ou en bois. «En Colombie, depuis dix ans, avec l’amélioration de la formation et l’émergence d’une classe moyenne, on assiste à un boom de la création artisanale. Beaucoup de gens transforment leur garage en atelier de bijouterie.»

Le résultat? Bluffant. Les colliers en perles gravées ressemblent à s’y méprendre à de l’ivoire animal, les sautoirs composés de perles colorées en forme de pastilles (Smarties) sont joyeux et intrigants, et les pectoraux, composés d’ojetes, soit des sortes d’anneaux, sont des accessoires idéaux pour une soirée. Des bijoux à la fois beaux et écolos: un cadeau en or.

*www.lalibelula-shop.ch

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