Olivier Dessibourg
Paralysies. Deux essais sont prévus à Lausanne et à Genève pour faire recouvrer mobilité ou autonomie à certains patients.
Pouvoir à nouveau bouger ses membres lorsqu’on est para- ou tétraplégique, grâce à des interactions électrobiologiques entre le système nerveux et une infrastructure externe technologique, l’idée suivie par plusieurs groupes dans le monde est encore éloignée pour le commun des patients. Mais des avancées et des essais cliniques à venir laissent espérer des progrès, en Suisse surtout.
A l’EPFL, Grégoire Courtine travaille sur un implant greffé chez des paraplégiques sur les zones de leur moelle épinière qui commandent les muscles des jambes. Des impulsions électriques stimulent ces circuits neuronaux de manière à activer les membres du sujet, qui est aussi soutenu en position verticale par un harnais robotisé arrimé au plafond sur des rails et l’aidant à avancer sans avoir peur de tomber. Associé à un traitement pharmacologique, ce dispositif a pour but de faire repousser les fibres nerveuses endommagées. Le chercheur est ainsi déjà parvenu à faire remarcher, sur des tapis roulants, des rats rendus paralysés.
Chez l’homme, le harnais testé seul montre déjà une amélioration de la motricité chez le patient. Un premier implant a été greffé sur la moelle épinière d’un patient, mais pour soigner des douleurs chroniques; des effets sur le recouvrement des mouvements ont toutefois aussi été observés. Grégoire Courtine a désormais soumis son dernier prototype à Swissmedic pour validation. «L’essai clinique doit débuter cette année.»
Cerveau connecté par wifi
Au Campus Biotech de Genève, le directeur du Centre Wyss de bio- et neuroingénierie, John Donoghue, suit une stratégie similaire: greffer une électrode dans le cerveau pour capter l’activité neuronale et, avec les signaux ainsi récoltés, activer des membres externes robotisés, voire directement les muscles des bras et des jambes par l’entremise de fils électroniques. Un essai, mené en 2012, a été couronné de succès, mais la patiente était équipée d’une électrode reliée à un câble lui sortant du crâne. «Nous travaillons désormais à miniaturiser l’implant et à l’équiper d’une connexion wifi pour qu’il soit entièrement sous-cutané», explique John Donoghue, selon qui «un essai clinique est envisagé d’ici à deux ans».