Verbier, le modèle de la réussite
La reine des stations du Valais romand est l’une des rares entreprises suisses de remontées mécaniques à autofinancer le renouvellement de ses installations sans subventions, tout en produisant un bénéfice. Et cela depuis plusieurs années. Elle profite de l’altitude élevée de son domaine skiable, qui lui garantit un enneigement régulier, et d’une fréquentation qui ne cesse de progresser. L’entreprise Téléverbier est aussi l’une des seules à bénéficier d’une longue continuité de gestion et d’un noyau d’actionnaires stable, commune de Bagnes et famille Burrus en tête. Actionnaire de référence de Télé-Thyon, junior partner du domaine des 4 Vallées, Téléverbier est en compétition permanente avec son partenaire de Veysonnaz.
Le système Fournier résiste à Veysonnaz
«On dégage un bénéfice chaque année et on limite bien les dégâts du franc fort», se réjouit Jean-Marie Fournier, patron des remontées, des deux seuls hôtels et de la plupart des restaurants du site. La station tout entière lui appartient. Il peut ainsi proposer des forfaits combinés et casser les prix durant les périodes creuses. Ces dernières années, des contrats négociés en Belgique ou dans les pays de l’Est lui ont permis d’assurer un taux d’occupation «satisfaisant». Il refuse de communiquer les chiffres de sa société. La très opaque VIP exploite les installations de Téléveysonnaz contre un loyer de 2 millions de francs annuels, destiné à amortir les installations. Désormais, il travaille à fusionner rapidement avec la société voisine, Télénendaz.
Les «hydrodollars» à l’appui des Marécottes
Les remontées mécaniques des Marécottes ont obtenu 6,5 millions des 30 millions touchés par la commune de Salvan à la suite du renouvellement de la concession hydroélectrique de Barberine. Puis, avec le soutien de l’Etat, TéléMarécottes a dépensé 10 millions pour refaire son télésiège et rénover l’unique restaurant d’altitude. Pour son directeur, Pierre-Angel Piasenta, «nous n’aurions rien pu entreprendre sans l’argent des barrages». Si les investissements ont apporté une hausse de la fréquentation, la société a quand même perdu un peu moins de 100 000 francs lors du dernier exercice et «la station ne pourra pas supporter longtemps l’enchaînement des mauvais hivers». Elle entend développer son offre estivale et collaborer avec Chamonix.
Arolla: une vie sous perfusion
L’un des deux hôtels historiques a fermé ses portes après des conflits familiaux. «C’est une perte de clientèle importante», déplore Peter Weatherill, propriétaire de l’autre établissement et président amateur et bénévole de la société de remontées mécaniques. Sur un site qui avait été pensé pour le tourisme estival, plus personne ne peut se passer de la présence des skieurs, et il devient urgent d’augmenter le réservoir de clients d’une structure qui peut encore en absorber beaucoup. Les remontées «n’ont jamais cherché à gagner de l’argent», mais proposent un service nécessaire à une vallée dont l’économie dépend largement du tourisme. Cet hiver, et pour la première fois, les trois stations du val d’Hérens sont parvenues à élaborer un abonnement commun.
La grande remise en question de Charmey
Le village gruérien s’interroge: doit-il continuer à investir des fortunes dans les remontées mécaniques? Celles-ci dégagent un chiffre d’affaires annuel moyen de 1,7 million de francs mais ont besoin d’un demi-million d’aide communale pour boucler leurs comptes. La faute à des installations surdimensionnées. «Selon les experts, nous devrions dégager 3 millions de revenus pour survivre», note son président, l’avocat bullois Bruno Charrière. Les bains thermaux sont davantage fréquentés que les pistes de ski!
La commune a constitué plusieurs groupes de travail pour estimer l’apport des infrastructures touristiques à l’économie locale et aux rentrées fiscales. Les conclusions doivent être rendues fin mars.
La Dôle cherche son avenir avec Les Rousses
Au printemps 2015, après un hiver particulièrement parcimonieux en neige, Télé-Dôle a frôlé le dépôt de bilan. Aussi les communes de la région, qui possèdent les installations, ont-elles décidé de transmettre l’exploitation à la Sogestar, l’opérateur des remontées de la station voisine des Rousses, en France, dans l’espoir de redresser la situation en fusionnant les deux domaines. Sans faire disparaître les déficits toutefois. En cause: un télésiège coûteux qui n’a pas le droit d’être exploité en été, et l’absence d’enneigement artificiel.
Les communes sont donc encore sollicitées financièrement pour assurer l’équilibre des comptes. Or, deux d’entre elles ont déjà signifié leur refus de continuer l’aventure.