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Une Suisse en mouvement
Bons baisers de Pékin: lettre ouverte aux Conseillers nationaux
Le peuple helvétique doit débattre de l’accord de libre-échange conclu entre la Suisse et la Chine.
Johan Rochel
Le 9 décembre, vous avez la possibilité de soumettre l’accord au référendum facultatif. (…) La question à laquelle vous devez répondre est la suivante: l’accord obtenu par nos négociateurs avec la Chine est-il cohérent avec nos principes fondamentaux et nos engagements en matière de droits de l’homme?
Cette question possède deux dimensions cruciales pour ce débat. La première concerne une possible «ligne rouge» que la Suisse ne souhaiterait pas franchir. Si le Parlement suisse devait décider de ratifier un accord de libre-échange avec la Corée du Nord, je parie que la majorité des citoyens reconnaîtrait l’existence d’une ligne rouge vis-à-vis du régime de Pyongyang. Non pas que les contacts diplomatiques ou autres doivent être stoppés! Mais, à défaut d’un «service minimum», on renoncera à des relations économiques, politiques et sociales poussées.
La deuxième dimension a trait à l’exigence de cohérence entre nos accords de libre-échange. Tous reflètent plus ou moins nos principes fondamentaux et les engagements qui font l’identité de la Suisse. Il est légitime d’avoir des fluctuations dans nos standards selon que nous négocions avec la Chine, Hong Kong, la Bosnie-Herzégovine ou l’Algérie. Mais, pour de nombreux commentateurs, l’accord avec la Chine marque un abaissement de nos standards. (…) L’accord de libre-échange avec la Chine nous offre une occasion politique unique de discuter ces deux dimensions en profondeur. (…) Il ne s’agit pas d’imposer à ce pays un standard suisse ou européen, mais de s’interroger sur les valeurs et principes que nous estimons fondamentaux. La question symbolique, politique et identitaire que nous pose l’accord avec la Chine mérite un large débat populaire.
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L’économie pour tout le monde
1 défaite, 12 victoires?
Douze propositions pour continuer après l’échec de l’initiative 1:12 devant le peuple.
Samuel Bendahan
Le peuple a dit non à 1:12. Les arguments contre l’initiative étaient notamment:
a) Les bas salaires ne changeraient pas.
b) Les hauts salaires ne changeraient pas, car on peut contourner la loi et, en plus, cela coûterait cher à l’Etat et aux assurances sociales.
c) Cela ferait du mal à l’économie.
d) Si le peuple accepte l’initiative, des entreprises menacent de partir.
Voici douze propositions qui répondent à ces arguments, et qui peuvent donner un peu d’espoir à celles et ceux qui, comme les initiants de 1:12, aspirent à une société plus juste.
1) L’instauration d’un salaire minimum est fondamentale, car elle touche aux personnes précarisées qui travaillent. (…)
2) Il existe beaucoup de potentiel dans l’économie sociale et solidaire, qui n’est pas encore exploité. (…) Aussi, il faut soutenir l’économie réelle, particulièrement lorsqu’elle aide à l’insertion.
3) La spéculation sur les biens alimentaires permet à certaines personnes de gagner beaucoup d’argent au détriment de personnes très défavorisées, ayant parfois des conséquences désastreuses comme des crises alimentaires. Les activités financières doivent être encadrées.
4) Instaurer des cotisations sociales sur les dividendes. (…)
5) Supprimer les forfaits fiscaux et autres privilèges injustes pour les riches. (…)
6) Taxer les transactions financières. (…)
7) Soutenir les entreprises avec un véritable ancrage local. (…)
8) Innover le financement des entreprises. (…)
9) Soutenir les familles. (…)
10) Transparence du financement des partis. (…)
11) Démocratiser les entreprises. (…)
12) Arrêter le dumping fiscal et la concurrence fiscale abusive. (…)
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L’avocat du Diable
Berlusconi parti, la comédie continue…
L’exclusion du Cavaliere par le Sénat italien comporte des risques tragiques.
Charles Poncet
Voici d’abord qu’aucun des trois principaux leaders politiques italiens n’est au Parlement. Imaginez qu’en Suisse ni Toni Brunner (UDC), ni Christophe Darbellay (PDC), ni Christian Levrat (PS) ne soient députés! En démocratie, la politique est essentiellement parlementaire; or, ni Berlusconi (Forza Italia), ni Beppe Grillo (M5*), ni Matteo Renzi (Parti démocrate) ne sont députés. Deux d’entre eux s’y refusent, le troisième en est exclu, et le résultat est d’affaiblir encore plus une institution dont le nom même ne suscite plus que sarcasmes et haussements d’épaules chez les Italiens.
Voici ensuite que le gouvernement dit «de large entente» est condamné à l’impuissance. Contrairement à son équivalent allemand, basé sur une négociation rude au résultat assez clair, celui-ci n’existe que parce qu’une partie de ses membres a «trahi» Berlusconi au nom de la stabilité gouvernementale. Mais la stabilité pour faire quoi? Rien ou à peu près, car, par définition, ce qui convient à la gauche du gouvernement est inacceptable pour sa droite et réciproquement.
Le résultat est désastreux: une impuissance évidente, des velléités sans lendemain, un peu moins d’impôts ici, un peu plus de dépenses là et des finances qui continuent à foncer dans le rouge, sous le regard peu amène de Bruxelles, pendant que le peuple italien se désespère d’avoir du travail et des retraites décentes. (…)
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La Suisse à 10 millions d’habitants
La glaciation jurassienne
Résultat fossilisé après le nouveau vote sur la création d’un canton du Jura.
Pierre Dessemontet
Deux générations ou presque peuvent bien avoir passé depuis le 23 juin 1974, le canton du Jura peut être entré en souveraineté depuis trente-cinq ans et démontrer qu’il était viable sans être franchement plus cher, pour ses habitants, que Berne ne l’est pour ceux du sud, il a bien pu obtenir la transjurane et donc désenclavé l’ensemble de la région, les passions et les haines d’antan ont bien pu progressivement s’assoupir et disparaître, vingt ans après la mort tragique de Christophe Bader, absolument rien n’a changé. On a abouti, à quelques points près, au même résultat qu’alors. En soi et vu de l’extérieur, un résultat extrêmement surprenant. (…) L’expérience des trente-cinq dernières années permet pourtant de «fact checker» les slogans d’antan. La fiscalité n’est pas plus lourde au nord qu’au sud – ce serait même plutôt le contraire. Le principal développement infrastructurel des dernières décennies, la transjurane, est une conséquence directe de l’entrée en souveraineté du Jura, même si elle profite au moins autant au sud qu’au nord. Le sud ne voulait pas lier son sort à un canton petit, périphérique et pauvre, et arguait de la position centrale de Berne dans la Confédération. Mais si Berne est grand, ce géant aux pieds d’argile est aussi le premier récipiendaire de la péréquation intercantonale: il est à peu près aussi pauvre, faible économiquement et à l’écart des métropoles que le Jura. (…)
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Law Dr@gon
Welcome and thank you
Notre nouveau blogueur exposera les problématiques du droit des technologies avancées.
Sébastien Fanti
En Suisse, il n’existe pas, à ma connaissance, de site internet qui constituerait un référent de confiance des droits de chacun en ces matières, contrairement à ce qui se passe notamment au Canada. C’est à vrai dire inattendu pour un pays qui aspire à demeurer un moteur d’innovation et à atteindre perpétuellement l’excellence. Les savoirs sont dispersés, éclatés, malaisés à atteindre pour le néophyte. Un si petit pays peut-il s’offrir le luxe d’éluder l’encyclopédisme? Je tiens déjà à remercier ceux qui s’interrogeront, réfléchiront, polémiqueront, et qui constitueront donc les vecteurs de débats que j’espère passionnés, respectueux et constructifs. (…)