Zoom. La jeune entreprise zurichoise Farmy connaît une croissance fulgurante en vendant en ligne des produits bios et locaux. Elle attaque le marché romand.
Sourire jovial et tenue de camouflage, le chasseur argovien fixe l’internaute. Hansruedi Meier fait partie de la centaine de fournisseurs de Farmy, un site de vente en ligne lancé à Zurich en 2014. Via la plateforme, qui livre les produits de fermiers et d’artisans suisses directement au domicile des consommateurs, il propose ses schubligs de gibier et du jambon cru de sanglier issus des forêts de son canton.
A l’opposé de la logique parfois rigide des paniers de légumes, Farmy mise sur la flexibilité et une image jeune et décontractée. Le client fait ses courses parmi 2000 références, et reçoit sa commande en deux jours maximum, où qu’il se trouve dans le pays. L’assortiment comprend fruits et légumes, mais aussi viande, pains, pâtes, vins ou encore produits laitiers. «La transparence est un aspect important de notre démarche. Tout ce que nous proposons est accompagné d’un profil du producteur. Nous mettons également l’accent sur le service», précise Roman Hartmann, cofondateur de Farmy. Il est par exemple possible de passer commande via une application ou de payer par carte directement auprès du livreur.
Pour ce qui est du modèle d’affaires, Farmy achète les produits aux fermiers en fonction des demandes et les revend avec une marge. Les fournisseurs acheminent les denrées au hub zurichois de l’entreprise, qui à son tour prend en charge la livraison au client.
Etonnamment, tout a commencé à Moscou. En 2013, Roman Hartmann et Tobias Schubert, deux amis qui ont fait carrière dans la capitale dans le domaine de l’e-commerce, décident de monter leur propre entreprise. Quel secteur choisir? Leur intérêt pour la bonne cuisine les dirige vers les aliments bios. Reste à trouver le marché idéal. Au terme d’analyses détaillées, leur choix se porte sur la Suisse, ses consommateurs au pouvoir d’achat élevé, ses nombreux petits producteurs et son infrastructure performante.
«Nous nous sommes installés en Suisse de manière ciblée, avec l’objectif de devenir une référence dans la vente online de produits de la ferme, explique Roman Hartmann. Aujourd’hui, dans le pays, seulement 1,5% des aliments achetés le sont sur internet, une proportion qui devrait atteindre 10% en 2020.» La démarche est ambitieuse. Mais les deux associés semblent avoir visé juste. Depuis ses débuts, Farmy connaît une croissance moyenne de 30% par mois. La start-up compte onze salariés fixes et une trentaine de personnes employées à l’heure pour la logistique. Autre signe de son potentiel: elle est parvenue à convaincre des investisseurs de marque, dont les pionniers suisses du web Adrian Bührer et Michael Näf, respectivement à l’origine de students.ch et de Doodle.
«Le développement de Farmy est réjouissant, dit Michael Näf. Ils avancent constamment plus vite que leur business plan. J’ai tout de suite été convaincu par le concept, nouveau en Suisse et qui répond à des tendances de fond, mais aussi par la personnalité et le background des deux fondateurs.»
Farmy réalise la plus grande partie de ses ventes en Suisse alémanique, principalement autour de Zurich. Son objectif pour 2016 est néanmoins d’élargir son périmètre d’action. Dans sa cible: la Suisse romande. Depuis novembre 2015, le site est disponible en français et le public romand fait l’objet de campagnes de marketing spécifiques. «La région occupe une place importante dans notre projet, et nous allons poursuivre sur notre lancée», indique Roman Hartmann, sans donner plus de détails sur la stratégie de l’entreprise.
De quoi effrayer les acteurs locaux? Michaël Dusong, directeur de Label Bleu (anciennement La belle Bleue), société neuchâteloise active depuis plusieurs années dans la livraison de paniers de fruits et légumes, ne s’inquiète pas. Label Bleu, qui vient de lancer un shop online, met l’accent sur la proximité et les courtes distances de transport, un point sur lequel Farmy, qui centralise les produits à Zurich avant de les livrer, ne peut pour l’heure pas rivaliser. «Et même s’il existe de nombreux acteurs sur l’arc lémanique, le marché reste immense, surtout pour ceux qui offrent un peu de souplesse au consommateur. A cet égard, Farmy a tout compris.»