Ghislaine Bloch
Zoom. Cinquante-quatre start-up prometteuses issues de pays émergents sont invitées à Lausanne dans le cadre de Seedstars. Présentation de trois d’entre elles, issues de trois continents différents.
«Au Pakistan, 75% des femmes médecins ne pratiquent pas leur métier. Très souvent, leur mari ou leur belle-mère refusent qu’elles travaillent, pour des raisons culturelles. Ce serait une honte pour leur famille», déplore Asher Hasan, chirurgien pakistanais de 44 ans qui a grandi en Grande-Bretagne, étudié aux Etats-Unis et est retourné vivre dans son pays d’origine pour y créer la start-up DoctHers. Cette jeune entreprise permet aux femmes médecins d’exercer leur profession depuis leur domicile.
«Nous fournissons toute la technologie pour qu’elles puissent consulter à la maison», explique Ashar Hasan, actuellement présent à Lausanne dans le cadre de Seedstars World, une organisation qui a sélectionné 54 start-up prometteuses dans les pays émergents. Durant une semaine, les fondateurs de ces jeunes pousses bénéficient de conseils de mentors du monde entier, échangent leurs expériences avec d’autres créateurs de start-up et ont l’occasion de rencontrer des investisseurs potentiels. Un prix sera décerné, jeudi 3 mars, à l’occasion de la journée Seedstars Summit.
Consultations à 1 dollar
Lancée en 2015, la plateforme DoctHers a déjà permis de soigner 15 000 patients. Elle a aussi donné du travail à 200 femmes médecins d’origine pakistanaise. «Nous facturons la consultation à 1 dollar lorsqu’il s’agit de patientes issues de milieux très défavorisés. Ces dernières peuvent obtenir les services de DoctHers en se rendant dans une pharmacie ou un laboratoire. Quarante pour cent des revenus sont reversés aux médecins, 20% aux pharmacies.
Nous gardons les 40% restants», explique Ashar Hasan, qui a déjà conclu des accords avec des groupes comme Unilever ou Pfizer au Pakistan, afin que leurs employés puissent également bénéficier des services de Doct-Hers, au prix de 5 dollars la consultation. «Grâce à Seedstars, nous espérons essentiellement nous faire connaître auprès de multinationales comme Nestlé, Novartis ou Coca-Cola, qui ont une présence im-portante au Pakistan», note le chirurgien-entrepreneur, qui prévoit également de déployer sa plateforme vers d’autres pays.
Kiosques solaires
De son côté, Olivia Nava, directrice de la start-up Juabar, en Tanzanie, espère, grâce à sa présence à Lausanne, rencontrer des investisseurs mais aussi échanger avec des entrepreneurs. La jeune femme, originaire de Californie, est partie vivre en Afrique, où elle développe un service d’approvisionnement en électricité et d’accès au câble TV pour les régions rurales. Elle a conçu et construit des kiosques solaires permettant de charger des appareils électroniques, notamment des téléphones portables.
«En Tanzanie rurale, seuls 3% de la population ont accès à l’électricité, alors que 55% de la population possèdent un téléphone portable. Tous ces appareils électroniques sont régulièrement véhiculés, par un villageois, vers un lieu de chargement», explique Olivia Nava, qui a développé un modèle de franchise pour ses kiosques. Trente d’entre eux ont déjà été installés dans les régions du Morogoro. La jeune femme espère en louer encore 80 cette année. «Nous cherchons également à enregistrer des revenus grâce à des partenariats publicitaires avec des organisations ou des multinationales, qui pourraient diffuser des spots vidéo sur ces bornes de recharge.»
Parmi les 54 start-up présentes cette semaine à Lausanne, l’entrepreneur José Cayasso a pour sa part lancé la start-up Slidebean. Celle-ci emploie déjà douze personnes au Costa Rica. Le jeune homme de 27 ans a développé un logiciel permettant de réaliser des présentations de type PowerPoint en deux clics. «Nous nous chargeons de convertir automatiquement du contenu vers des présentations web de qualité», dit celui qui souhaite offrir une solution de remplacement au traditionnel PowerPoint. Lancé il y a presque deux ans, le service a déjà convaincu près d’un million d’utilisateurs, essentiellement aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. «Nous espérons mieux nous faire connaître et nous étendre désormais sur le marché européen», note José Cayasso.