La prévoyance professionnelle offre des rendements substantiels et bénéficie de privilèges fiscaux. Attention toutefois aux détails.
Le deuxième pilier suscite des doutes croissants parmi le public. Déjà en raison de la diminution des promesses de rentes, mises sous pression par l’élévation de l’espérance de vie, puis de la diminution des rendements des placements. Et, pourtant, il offre maints avantages.
Le premier, c’est celui d’une épargne garantie, gérée de manière professionnelle, qui offre une rémunération supérieure à celle des placements réputés pépères comme les obligations de la Confédération. La prévoyance professionnelle n’est pas qu’un prélèvement au bas de la feuille de salaire. C’est de l’argent qui appartient au cotisant et qui, petit à petit, grossit, pour lui être reversé sous forme de rente ou de capital dès l’âge de la retraite.
De plus, cette épargne jouit d’un traitement fiscal privilégié: les cotisations ne sont pas taxées, la fortune pas davantage. Le retraité qui décide, à 65 ans, de recevoir son magot sous forme de rente paiera certes des impôts sur ce revenu. Mais dans une proportion réduite, puisque le total des rentes (AVS + 2e pilier + éventuels 3e pilier et assurance vie) est ordinairement inférieur aux revenus du travail.
Enfin, l’affilié à une institution de prévoyance peut encore thésauriser volontairement en rachetant des années de cotisations, dans la mesure où son plan le lui permet. Là aussi, le montant du rachat est déduit de son revenu, offrant des économies d’impôts. Le montant placé lui est restitué dès l’âge de la retraite sous forme de rente ou de capital. Avec, en plus, le produit des intérêts qui ont été versés auparavant.
Il est possible de discuter de la rémunération de cette épargne très particulière. A 1,25% cette année, le taux minimal peut sembler bien faible. D’autant qu’il s’élevait à 1,75% en 2014 et 2015! Il demeure toutefois supérieur de 2,3 points de pourcentage au niveau d’inflation – les prix ayant baissé de 1,1% en 2015 – et supérieur, généralement, à la rémunération du 3e pilier (lire Troisième pilier: échapper au piège des taux négatifs). De plus, chaque institution de prévoyance est libre de verser une rémunération plus importante si sa situation financière et si le profil de ses affiliés l’autorisent. La majorité d’entre elles le fait.
Régime à deux vitesses
On peut aussi discuter des performances des placements de certaines institutions de prévoyance, qui ne réussissent pas toujours à capturer les hausses de marché. Débattre encore de la densité de la réglementation, qui limite la marge de manœuvre des gérants, les empêche de prendre les positions leur permettant d’accroître leurs rendements. Des réglementations qui compliquent en particulier la tâche des compagnies d’assurances. Et on peut regretter, plus généralement, la redoutable complexité du 2e pilier, qui transforme en défi toute tentative d’en comprendre le fonctionnement de manière exhaustive.
L’affilié doit être attentif à la différence entre la part obligatoire des avoirs et la part surobligatoire. La première correspond au minimum légal dû par la caisse à chaque cotisant et ce n’est que cette part qui jouit de toutes les protections légales, comme la conversion des avoirs en rentes au taux de 6,8%. La seconde est un surplus d’avoirs, géré avec la même rigueur que la partie obligatoire, mais qui ne garantit pas le versement de rentes dans la même proportion que la première.
Fiscalement, enfin, les indépendants doivent faire attention à l’appel des sirènes: ils ne peuvent pas déduire plus de 20% de leur revenu imposable, même s’ils ont cotisé davantage.
Pour qui?
- Tous les salariés, obligatoirement
- Les indépendants amateurs de sécurité
- Les rachats d’années sont le plus intéressantes dans les quinze à vingt années avant la retraite
