Sébastien Dubas
Avec des prix qui jouent aux montagnes russes, il faut avoir les nerfs solides. Mais le placement est payant sur la (longue) durée, et les dividendes bien rémunérateurs.
Les marchés actions n’inspirent pas la confiance des investisseurs à l’heure actuelle, c’est le moins que l’on puisse dire. La faute à la forte volatilité qui y règne depuis l’été dernier et, surtout, à un début d’année des plus catastrophiques.
Après un mois de janvier en chute libre, les principaux indices boursiers ont toutefois repris quelques couleurs ces dernières semaines. Mais ils affichent toujours, pour la grande majorité, des pertes allant de 5 à 10% depuis le début de l’année. Quant aux sources d’incertitudes, elles sont toujours là et n’ont pas changé: ralentissement de l’économie chinoise, chute des prix du pétrole, risque de récession aux Etats-Unis, inefficacité de la politique monétaire en Europe, perspective d’un «Brexit» (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne).
Conséquence: il faut avoir le cœur bien accroché pour placer une partie de son épargne dans les actions. Et il faut surtout, de l’avis des spécialistes, être prêt à endurer des mouvements de panique, comme ce fut le cas au mois de janvier, sans pour autant appeler son banquier et lui demander de tout vendre d’un seul coup.
Pour les plus téméraires, la baisse de ces derniers mois pourrait représenter un bon moment pour acheter. Tel est l’avis des spécialistes de la banque privée Gonet & Cie qui, dans une note récente, soulignent que l’on peut «raisonnablement compter sur des cours plus élevés à l’horizon de trois mois».
Vincent Juvyns, stratégiste chez JP Morgan Asset Management, assure de son côté que les épargnants disposant de dix à quinze ans devant eux n’ont aucune raison de ne pas s’intéresser aux marchés actions. «A moins, bien sûr, de croire que nous sommes proches de la fin du monde, précise-t-il. Et, dans ce cas-là, mieux vaut dépenser son argent.»
Deux raisons dictent son optimisme: «Tout d’abord, les prix, qui se négocient autour de quinze fois les bénéfices actuellement, sont bon marché et proches des moyennes historiques», explique-t-il. Si bien qu’«ils devraient augmenter sur le long terme. Ensuite, les fondations sur lesquelles reposent les sociétés qui ont émis ces actions sont plus saines que par le passé. Le taux d’endettement des entreprises européennes a, par exemple, été réduit de près de la moitié depuis 2008, ce qui est a priori plutôt une bonne nouvelle», poursuit-il. Vincent Juvyns rappelle enfin que les sociétés du Vieux Continent délivrent en moyenne des dividendes de 3 à 4% du prix des actions chaque année.
Éviter la panique
L’argument du dividende, d’autant plus intéressant dans un environnement de taux d’intérêt négatifs, est également cité par Fabrizio Quirighetti, responsable des investissements chez SYZ Asset Management, une banque genevoise. «La grande majorité des actions du SMI, l’indice phare de la Bourse suisse, paie un dividende annuel de 2% au moins, expose-t-il. A l’inverse, un compte épargne ne rapporte rien. Si l’on ajoute une hausse des prix probable sur un horizon de trois à cinq ans, alors cela devient un investissement intéressant.»
Tout en reconnaissant avoir de la peine à «s’emballer» pour le marché actions en ce début d’année, Fabrizio Quirighetti estime toutefois que celui-ci pourrait représenter «la moins pire des options», notamment pour un investisseur basé en Suisse. «L’argent liquide et les obligations ne rapportent plus rien avec les taux négatifs et l’inflation à zéro, souligne-t-il. Quant à l’immobilier, il est trop cher et plus compliqué à vendre. Restent les investissements à l’étranger, mais ceux-ci engendrent un risque de change contre lequel il faut se couvrir. Un coût pour l’investisseur.»
Les épargnants doivent continuer de s’intéresser aux actions. «A condition de ne pas avoir les yeux rivés en permanence sur le cours des marchés, conclut Fabrizio Quirighetti. Et de pouvoir se passer de ce capital pendant un certain temps… Même s’il reste liquidable à tout moment.»
Pour qui?
- Jeunes actifs prêts à prendre des risques
- Épargnants disposés à placer sur la longue durée
- Connaisseurs des marchés financiers