Serge Jubin
Jura et Berne francophone. Avec l’ouverture complète de la Transjurane, la région voit poindre un marché plus dynamique. Sans incidence sur les prix.
Pays de la villa individuelle et de faible développement démographique, le Jura se met en mouvement. Modérément, «à notre propre allure», constate Sabrina Merçay d’Arc Immobilier à Moutier. La région profite de l’ouverture complète de la Transjurane entre fin 2016 et mi-2017. Elle entend s’inscrire dans le dynamisme du chef-lieu, Delémont.
«Nous enregistrons une augmentation de 10% de la population depuis 2009», explique l’urbaniste delémontain Hubert Jaquier. Une hausse voulue par les autorités. Sous l’impulsion de l’ancien maire Pierre Kohler, la ville a multiplié les chantiers d’importance. Et planifié son développement pour accueillir 150 habitants de plus par année, jusqu’en 2030. «Nous avons ainsi besoin d’une soixantaine de nouveaux appartements par an», précise Hubert Jaquier, qui tient à respecter un strict équilibre entre la demande et l’offre.
Les investisseurs sont d’ailleurs nombreux à s’intéresser à Delémont et au Jura, ce qui démontre «un souci de diversification géographique». Des assurances privées ont ainsi construit des immeubles de 50 à 60 appartements, que l’«on ne voyait pas par le passé». Le chef-lieu a d’importants projets: un écoquartier de 400 appartements à réaliser sur dix ans, une centaine d’appartements dans le complexe du Théâtre du Jura. Sans risque de surchauffe, la ville incite les promoteurs à planifier selon le rythme de la hausse démographique.
Ce programme respecte une caractéristique de la région jurassienne: des loyers bas. «Dans la mesure où l’offre et la demande respectent un équilibre, il n’y a pas de hausse des prix», note l’urbaniste. Sinon qu’une demande existe pour des logements de niveau supérieur, et donc à loyer plus élevé.
L’atout des prix bas
Promoteur immobilier, Francis Chèvre ose parler de «boom», lui qui a construit plusieurs appartements à Courrendlin, en périphérie de Delémont. «Tout est occupé», se réjouit-il, évoquant des loyers pouvant aller jusqu’à 1500 francs dans un immeuble neuf, charges comprises. «Nos prix relativement bas représentent un atout qu’il faut conserver, dit-il. Aussi pour les villas. Qu’on doit pouvoir offrir à 700 000 ou 800 000 francs, terrain compris.»
Considéré comme l’une des régions les moins dynamiques de Suisse, le Jura bernois pourrait faire mentir le cliché. «Les choses bougent, nous avons davantage de demandes que d’offres, autant pour les investisseurs que pour les locataires», explique Sabrina Merçay. Qui fait remarquer que les acquéreurs manifestent de l’intérêt pour de petits immeubles locatifs à bas prix (1 à 1,2 million), «où ils réalisent un rendement net de 6,5 à 7%».