Patricia Michaud
Valais. Confrontés aux tours de vis restreignant l’accès à la propriété, les habitants revoient leurs ambitions à la baisse ou renoncent à acheter. En montagne, le marché tourne toujours au ralenti.
On appelle cela le pragmatisme, et les Valaisans ont appris à en faire preuve: prenant acte des tours de vis successifs restreignant l’accès à la propriété, de nombreux habitants du canton renoncent à acquérir un bien. Ou alors privilégient des logements plus modestes en taille, voire en qualité.
«Ce phénomène a démarré l’automne dernier, relève Olivier Raemy, président de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier Valais. Et je le constate pour la première fois. Désormais, il y a un trou dans la catégorie des objets situés entre 700 000 francs et 1,2 million. Les promoteurs tiennent compte de cette nouvelle donne lorsqu’ils élaborent des projets, qu’il s’agisse de PPE ou de villas.» Une tendance que Cédric Dubuis, directeur de Valimmobilier, a aussi observée pour la taille des terrains: «Actuellement, les parcelles de 500 à 600 m2 sont très demandées, contre 1000 m2 auparavant.»
Prix en baisse de 20%
Après quelques années d’euphorie, le marché immobilier valaisan semble avoir retrouvé la raison. «Que ce soit sur les prix ou sur la durée des transactions, on est de retour à la normale après des niveaux qui frisaient l’abus, se réjouit Olivier Raemy. Nous évoluons désormais dans un marché stable et sain. Et cette tendance positive pourrait durer, d’autant que notre Valais va bien, que ce soit sur le plan économique ou démographique.»
Cédric Dubuis résume pour sa part la situation ainsi: «Les vendeurs ont dû réviser leurs prix avec des baisses pouvant aller de 5 à 20% en comparaison avec ceux qu’ils auraient pu espérer avant 2014.» Sur le front de la location, l’heure est également à la détente, d’autant que la construction a été, et demeure, dynamique et que les développeurs «ont plutôt tendance actuellement à privilégier les projets d’immeubles locatifs à la PPE», ajoute Yvan Schmidt, partenaire chez i Consulting.
Du côté de la montagne, le marché tourne sans surprise toujours au ralenti. Conséquence de la Lex Weber et de la cherté du franc, «la clientèle étrangère est en très forte baisse», remarque Yvan Schmidt. Par ailleurs, «même si on tire les dernières cartouches des constructions lancées avant la votation du 11 mars 2012, les prix ne sont pas encore remontés». Olivier Raemy évoque néanmoins «quelques indices» annonciateurs d’une lente reprise, due à «l’entrée en vigueur de la loi d’application de l’initiative, qui a enfin levé les incertitudes juridiques».