Patricia Michaud
Fribourg. Le canton connaît un tassement de la croissance du nombre d’habitants. Ce qui rend les promoteurs plus prudents, craignant une suroffre, même si le marché demeure dynamique.
«On sent que l’heure est à la prudence générale», lâche Yvan Schmidt, partenaire chez i Consulting, commentant l’état actuel du marché immobilier fribourgeois. Il faut dire que, après des années de croissance démographique galopante, le canton a connu pour la première fois en 2015 un ralentissement marqué du nombre de nouveaux habitants. Alors que côté constructions, le rythme demeure effréné par endroits.
«A Bulle, on projette de mettre sur le marché environ 3000 nouveaux logements d’ici à dix à quinze ans», rapporte Bertrand Raemy, directeur de la Régie de Fribourg. «Certes, il n’y a jamais eu autant de gens qui investissent dans la pierre pour s’assurer un rendement décent. Mais trouver des locataires pour tous ces biens ne sera pas facile.»
Stabilisation
A Fribourg comme ailleurs en Suisse romande, les années de folie durant lesquelles les vendeurs dictaient leurs prix et les acheteurs au portemonnaie peu garni étaient obligés de s’installer dans des zones excentrées sont révolues, selon les observateurs. Reste que l’économie cantonale étant assez dynamique, on préfère le terme de stabilisation du marché à celui de refroidissement. D’autant que, contrairement à ce que certains spécialistes redoutaient, «il n’y a pas eu de reflux vers le canton de Vaud» de personnes venues en terres fribourgeoises pour échapper aux prix exorbitants de l’arc lémanique, constate Andéol Jordan, président de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier Fribourg.
Andéol Jordan admet que dans le segment des maisons individuelles, «les choses sont devenues plus difficiles». Ainsi, les objets dépassant le million de francs «peinent à trouver preneur», un phénomène qui découle notamment des restrictions en matière de fonds propres. Par contre, du côté des PPE, «l’attrait est toujours fort, même si on a atteint un plafond en termes de prix».
Cet attrait n’est d’ailleurs pas sans conséquence sur le taux de vacance des logements proposés à la location, qui a grimpé à 1% dans le canton en 2015, contre 0,7% en 2013. Toujours en ce qui concerne la propriété par étages, Bertrand Raemy précise que «les promoteurs ont senti le vent tourner et réduisent le nombre de mètres carrés par appartement».
Dans ce contexte de demande toujours importante et d’adaptation du type d’objets aux attentes de la population, Andéol Jordan estime que la situation «devrait rester tendue dans la PPE» ces prochains mois, du moins dans les «pôles d’intérêt» que sont Fribourg, la Veveyse, Bulle, Morat et Guin.
