Servan Peca
Neuchâtel. La hausse de l’offre et l’affaiblissement de la conjoncture mettent le marché sous pression.
A l’entrée de la localité de Boudry, l’agence immobilière Naef réalise actuellement une promotion de quatre immeubles. Mais seul l’un d’eux est voué à la vente d’appartements en PPE. Une précaution. Car la demande pour la propriété est moins dynamique qu’auparavant.
Dans le canton de Neuchâtel comme dans bon nombre de régions périphériques, le ralentissement du marché immobilier s’est confirmé en 2015. Aujourd’hui, les prix de vente des logements neufs stagnent, ceux des biens d’occasion reculent quelque peu.
A cela, deux raisons: bon an mal an, le haut du canton souffre toujours d’un déficit d’attractivité. A La Chaux-de-Fonds, les logements standards sont vendus aux alentours de 4400 francs le m2. En ville de Neuchâtel, les prix sont plus élevés, entre 5500 et 6500 francs. Des prix sous pression, le Littoral faisant partie des régions où l’offre s’est beaucoup développée ces dernières années. Le taux de vacance cantonal a ainsi augmenté de 25% en un an et atteignait 1,28% à fin juin 2015 alors que la moyenne suisse était à 1,19%.
Frein conjoncturel
La baisse de la demande pour la propriété serait surtout liée au manque de fonds propres des acheteurs potentiels depuis l’entrée en vigueur des restrictions sur le retrait anticipé du 2e pilier pour l’achat d’un logement. «En 2013, 60% des appartements d’un immeuble avaient été acquis avec un apport provenant entièrement du 2e pilier», se souvient Patrice Pasquier, le directeur de l’agence neuchâteloise du groupe Naef. L’autre frein est conjoncturel. L’industrie horlogère biffe des emplois. Du coup, le canton le plus horloger du pays en ressent les effets, davantage sur la confiance que sur la capacité réelle des Neuchâtelois à assumer les charges d’un logement. «Avec des taux hypothécaires aussi bas, les revenus sont encore suffisants, pour autant que l’on dispose des fonds propres», répète le responsable de Naef.
Les prix? Cette année, ceux des appartements devraient reculer de 0,8% et ceux des villas de 0,4%, selon les prévisions régionales de Wüest & Partner. Du côté locatif, le pronostic est similaire. En d’autres termes, les loyers neuchâtelois sont aussi sous pression. L’offre s’étoffe nettement. Et face à un choix plus large, les locataires semblent plus exigeants qu’avant.
Naef s’est alors montré particulièrement attentif aux coûts, et donc aux loyers qui pourront être demandés dans les trois autres immeubles de son projet de Boudry. «Les appartements de 4 pièces font 88 m2, contre 100 m2 dans de précédentes promotions», illustre Patrice Pasquier. Pour ce type de logement, la limite de 2000 francs par mois, charges comprises, ne doit pas être franchie, conclut-il.