Plaisir. Pratiqué à Zurich depuis sept ans, l’«orgasmic yoga» s’apprête à débarquer en Suisse romande. Pourquoi le pratiquer en groupe? Est-ce une activité qui attire les voyeurs? Réponses.
«Quand on pratique l’orgasmic yoga, on voit son propre corps avec plus d’amour et de compassion. Il est légitime de jouir de notre propre corps. C’est également une façon de l’accepter. Cela prend du temps et il n’y a pas de solution miracle.» A 35 ans, Romaine Kohler, sexological bodyworker certifiée, compte une dizaine d’années de formation dans le domaine de la sexualité consciente, du toucher, de la reconnexion à son corps. Un bagage qu’elle a acquis en Angleterre et à Zurich, à l’International Institute for Sexological Bodywork, fondé par Didi Liebold et sa compagne, Janine Hug.
Une sexualité encouragée
La jeune femme en est persuadée: il y a un public romand pour l’orgasmic yoga. «C’est un défi. Nous sommes au début du chemin en Suisse romande. Mon programme de cours privés et d’ateliers sera disponible en juillet.» Les thèmes principaux: réapprendre à écouter son corps, comment toucher soi-même et l’autre de manière consciente, cours sur l’anatomie et les techniques spécifiques pour le massage intime. Elle a déjà son cabinet à Fribourg, dans lequel elle reçoit des couples et des particuliers pour les guider sur le chemin d’une sexualité plus épanouie.
Au fait, pourquoi pratiquer l’orgasmic yoga en groupe? Les arguments sont multiples: ensemble, les participants se permettent de prendre plus de temps pour eux-mêmes. En effet, qui, chez soi, célèbre son corps une heure durant? Romaine Kohler: «Il s’agit de sortir de sa routine, de ces quelques minutes durant lesquelles nous faisons souvent la même chose. Dans un espace sécurisé, on ose laisser les tabous sur le pas de la porte. L’expression de notre sexualité est acceptée et même encouragée.»
La force du groupe
Voir les autres se donner du plaisir donne également des idées, comme l’explique Janine Hug, une Jurassienne qui a grandi à Zurich. «On apprend en groupe. On se dit: «Ah, c’est comme cela que font les autres…» Souvent, les gens ne savent même pas comment procède leur propre partenaire. Et eux-mêmes font le même mouvement toute leur vie. La masturbation est un des plus grands tabous à briser. Je trouverais normal que les hommes et les femmes parlent de ce sujet entre eux.»
Le sexological bodywork met également en avant l’énergie sexuelle dégagée par le groupe. «Elle est très puissante et n’est pas du tout la même que si une personne se caresse seule dans son coin», relate Janine Hug. Et de préciser encore que l’orgasmic yoga aide à être «plus présent et plus connecté à son corps». «Il ne s’agit pas d’une soirée où les gens viennent juste pour se masturber.»
Evidemment, à dix ou vingt se pose immanquablement la question du voyeurisme et de l’exhibitionnisme. Romaine Kohler: «Le voyeurisme peut se rencontrer partout. Les personnes fréquentant de tels cours sont toutefois conscientes de l’importance du respect dans la manière de regarder l’autre. Dans le cas où le regard est mal perçu, il nous appartient de ne pas l’accepter, de ne pas lui donner plus d’énergie que nécessaire, de revenir à soi et à ses sensations personnelles. C’est tout un apprentissage.»
www.romainekohler.ch ou 079 265 80 61
Zurich: www.sexologicalbodywork.ch