Quantcast
Channel: L'Hebdo - Cadrages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Barbara Ferrari: «Nous aimons lire par-dessus tout, converser, jouer»

$
0
0
Jeudi, 28 Avril, 2016 - 05:54

Témoignage. Barbara Ferrari se reconnaît dans bien des traits qu’on prête aux bobos. Un cocktail d’hédonisme, de pragmatisme et de conviction politique.

Elle rit dans son portable:«Oui, je l’assume, nous menons une vie de bobos. D’ailleurs, là, nous roulons dans le TGV pour passer le week-end à Paris et venons d’ouvrir une bouteille de champagne.» Le couple, parents de deux petits enfants de 2 et 5 ans, savoure ce rare tête-à-tête prolongé.

Dans le duplex inondé de lumière où la jeune Tessinoise vit avec sa famille, la vue donne sur le Fri-Son, club mythique de Fribourg, et les anciens arsenaux. Un quartier gentrifié, bâti sur d’anciennes friches, où le silo qui domine la cour a été transformé en lofts. On prend le repas dans la grande cuisine ouverte, un plat «slow food, comme il se doit»: tagliatelles, verdure et tomates bios. «Nous aimons les bons produits et achetons la viande chez le boucher», dit-elle. Fini le temps des études et des pâtes M-Budget. Ils raffolent aussi des smoothies et des salades de quinoa. Et, quand le temps le permet, ils vont au marché, achètent local. «L’autre jour, quelqu’un a amené des myrtilles. Notre fille lui a dit: «Mais, ce n’était pas la saison.»

Barbara Ferrari, 35 ans, travaille dans les relations publiques, son mari dans l’administration. Des postes à responsabilités, mais à 80% pour elle et lui. Chez eux, chacun passe un jour de la semaine à la maison. Par souci d’égalité. Et parce que chacun veut du temps avec les enfants. Car si le travail revêt une grande importance à leurs yeux, il n’est pas toute leur vie.

Outre la cuisine et l’égalité vécue au quotidien, Barbara Ferrari, master en littérature italienne, affiche quelques autres traits caractéristiques de la bourgeoise bohème: elle se meut dans les nouveaux médias comme un poisson dans l’eau et son capital culturel dépasse son capital économique. «Notre bibliothèque est inversement proportionnelle à notre compte en banque.» D’ailleurs, la jeune femme a marié deux de ses passions et organise des soirées où l’on écoute des passages de littérature assortis à quelques vins choisis tout exprès.

Et la famille ne possède pas de voiture. N’y voyez aucun sacrifice, pourtant: «Je trouve les voitures inesthétiques, bruyantes, polluantes.» Un moyen de locomotion jugé peu pragmatique car transportant peu de personnes. Aussi préfère-t-elle le train. «Surtout, nous aimons lire par-dessus tout, converser, jouer. Pourquoi s’enfermer dans une voiture et se priver de tout cela?» La jeune femme reconnaît qu’elle ne va pas sauver la planète pour autant. «Car je ne renonce pas à l’avion pour les grands voyages.»

Au fond, Barbara Ferrari se voit surtout en hédoniste. Et sa fibre écologique s’arrête où commence son féminisme. Jamais elle n’aurait utilisé de ces langes lavables qui condamnent les femmes à d’interminables lessives pendant leur congé maternité.

Politiquement, elle s’affirme de gauche, même si elle ne prendrait pas la carte d’un parti. «J’adhère totalement à la redistribution par l’impôt. On en a tellement profité pour nos études. J’ai pu approfondir mes connaissances en littérature, un luxe inouï. Comme notre système de transports, phénoménal.» La solidarité lui tient à cœur, elle qui n’est pas issue d’un milieu riche et universitaire, mais de parents économes qui ont grimpé l’échelle sociale dans les années 60.

Quant à la question si actuelle des réfugiés, elle perturbe la jeune mère. Angélique, comme on le reproche aux bobos? «Peut-être. Je suis très touchée par les images des immigrés syriens qui viennent en Europe avec leurs gamins. Je crois qu’on vit une situation exceptionnelle et je me demande ce qu’on en lira plus tard dans les livres d’histoire. Lors de la crise en Bosnie, j’étais adolescente. Mais là, je suis adulte, en âge d’agir. Et tout ce que je fais, c’est donner de l’argent à des organisations…»

En fait, c’est quand elle pratique yoga et méditation que Barbara se sent le plus bobo. «J’ai commencé par la méditation en pleine conscience. Elle m’aide à gérer le stress, à vivre et apprécier l’instant présent. C’est très bénéfique pour moi, et pour ma famille.»

Si c’est pas le (bo)bonheur, ça y ressemble.

Edition: 
Rubrique Print: 
Image: 
Getty Images
Rubrique Une: 
Auteur: 
Pagination: 
Pagination masquée
Gratuit: 
Contenu récent: 
En home: 
no

Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Trending Articles