Byron is back! Dès le 29 avril, le château de Chillon consacre une exposition à George Gordon, sixième baron Byron, resté dans la postérité sous le nom de Lord Byron (1788-1824). L’immense poète romantique a découvert la forteresse le 25 juin 1816 lors d’un séjour de cinq mois en Suisse. L’Anglais en a tiré un poème célèbre, Le prisonnier de Chillon, ode à la liberté et à la vertu consolatrice des beautés naturelles.
C’est la première exposition en Europe sur la longue halte de Byron au bord du Léman, où il a séjourné avec ses compatriotes Percy et Mary Shelley, à Cologny (la Fondation Bodmer propose dès le 13 mai une exposition sur la genèse, à cette occasion-là, du roman gothique Frankenstein). Byron is back! réserve une salle à l’impact touristique qu’a eu la publication du Prisonnier de Chillon et du Journal alpin de Byron en 1816. Ses écrits en main, des voyageurs britanniques ont mis leurs pas dans ceux du poète, dont la renommée sulfureuse était alors immense.
Notons que Byron avait lui-même un livre dans sa sacoche lorsqu’il parcourait les bords du Léman: La nouvelle Héloïse de Rousseau. L’époque était celle du Grand Tour, expression qui a donné plus tard le mot tourisme, le long voyage initiatique vers le sud des jeunes aristocrates de l’Europe du Nord, en particulier anglais. Un périple d’un ou deux ans dans le but de devenir un «gentleman complet» grâce à la découverte sur place de l’héritage gréco-romain, des langues (et d’une sexualité frénétique).
Le premier tourisme de l’histoire était ainsi culturel, intellectuel, proposé aux amateurs d’art et de littérature. Deux siècles plus tard, le voilà qui fait retour sur les lieux même de son origine, bouclant une belle boucle.