Analyse, à l’aune de la science, de cinq méthodes complémentaires couramment utilisées en Suisse, ou remboursées par la LAMal.
L’acupuncture
Principe: remboursée par la LAMal, l’acupuncture est l’une des médecines complémentaires les plus utilisées au monde et la troisième plus demandée en Suisse. Dans la médecine traditionnelle chinoise, la santé repose sur l’équilibre entre le yin et le yang. Celui-ci est assuré par une bonne circulation du Qi, énergie vitale qui parcourt le corps à travers des canaux: les méridiens. L’acupuncture consiste à rétablir la bonne circulation du Qi à travers la stimulation de points précis par l’enfoncement d’aiguilles.
Indications et preuves d’efficacité: en Occident, les indications les plus courantes pour l’utilisation de l’acupuncture sont les suivantes: céphalées, troubles de la ménopause, troubles du système locomoteur, traitement de douleurs diverses ou de problèmes chroniques. Mais aussi les états dépressifs et anxieux. Le niveau de preuve est jugé modéré à fort pour le traitement des douleurs, ou encore contre les nausées et les vomissements après une chimiothérapie ou des opérations. Il serait en revanche considéré comme insuffisant pour soigner l’asthme ou arrêter le tabac, par exemple. Nombre de praticiens: 734 médecins FMH en Suisse.
L’ostéopathie
Principe: non reconnue par l’assurance de base mais remboursée par la plupart des assurances complémentaires, l’ostéopathie est la méthode la plus utilisée en Suisse. Selon l’OMS, elle est définie comme un ensemble de techniques manuelles visant à faciliter les mécanismes d’autorégulation et d’autoguérison du corps en s’intéressant aux zones de tension, de stress ou de dysfonctionnement des tissus susceptibles d’entraver les mécanismes neuraux, vasculaires et biochimiques normaux.
Indications et preuves d’efficacité: les indications de l’ostéopathie sont variées. Elles incluent les problèmes orthopédiques, neurologiques, psychologiques, digestifs, ou encore les affections ORL et pulmonaires. Il existe peu d’essais cliniques concernant l’ostéopathie. Ceux-ci suggèrent toutefois un niveau de preuve jugé moyen pour les douleurs d’origine vertébrale, et insuffisant pour les troubles intestinaux, l’asthme et les troubles ORL. Nombre de praticiens: 700 en Suisse, qui sont membres de la Fédération suisse des ostéopathes.
L’hypnose médicale
Principe: toujours plus utilisée en milieu hospitalier, l’hypnose médicale vise à provoquer, chez le patient, une sorte de sommeil éveillé, caractérisé par une modification du niveau de vigilance, de l’environnement et de la conscience de soi.
Indications et preuves d’efficacité: l’hypnose a pour principale indication le traitement de la douleur. Mais elle peut également être utilisée pour s’attaquer aux problèmes d’addiction ou de stress. Les études scientifiques confèrent un niveau de preuve jugé bon pour les douleurs opératoires et moyen pour les autres types de douleurs. Il serait considéré comme insuffisant pour l’addiction et les troubles anxieux. Nombre de praticiens: 230 médecins FMH en Suisse.
La phytothérapie
Principe: issue de traditions millénaires, la phytothérapie, dont l’utilisation est remboursée par la LAMal, peut être décrite comme l’art de soigner toutes les maladies par les plantes.
Indications et preuves d’efficacité: selon diverses recherches, une vingtaine de plantes ont des vertus démontrées. Parmi elles, le millepertuis a pour indication le traitement de la dépression légère à modérée. En raison de ses effets sur les enzymes du foie (pouvant entraîner la dégradation des médicaments avant qu’ils aient eu le temps d’agir), l’utilisation de cette plante est déconseillée aux personnes sous traitements antirétroviraux, anticancéreux, anticoagulants ou sous contraceptif oral. Le séné est idéal pour la constipation; le marronnier pour l’insuffisance veineuse; l’aubépine pour l’insuffisance cardiaque; la griffe du diable pour les douleurs musculaires et osseuses. Nombre de praticiens: 65 médecins FMH en Suisse.
L’homéopathie
Principe: deuxième médecine complémentaire la plus demandée en Suisse, l’homéopathie est une technique thérapeutique utilisant des médicaments dilués issus de substances végétales, minérales ou organiques. Elle se base sur l’idée que le corps possède intrinsèquement la force de générer un processus naturel de guérison.
Indications et preuves d’efficacité: l’homéopathie est fréquemment utilisée, seule ou en complément de la médecine conventionnelle, pour traiter les rhumatismes, les affections ORL et les troubles urinaires, les migraines, les allergies, ou encore pour atténuer les effets secondaires des chimiothérapies. En août 2014, le Conseil national australien de la recherche en santé, qui a répertorié 57 revues systématiques de qualité relatives aux effets de l’homéopathie sur près de 70 problèmes de santé, est arrivé à la conclusion que «les preuves disponibles ne sont pas convaincantes et échouent à démontrer que l’homéopathie est un traitement efficace, quelle que soit l’indication clinique». Des résultats contestés par les homéopathes en raison de méthodologies de recherche considérées comme peu adaptées à l’étude de cette discipline. Nombre de praticiens: 251 médecins FMH en Suisse.