Zoom. Comme la Belle au bois dormant, le Musée alpin suisse est sorti de sa torpeur grâce à un homme. Avec des idées en guise de baisers.
Il marie séduction et réflexion, ouvre les yeux sur une nature qui n’est pas que science et biologie mais histoire et culture tout autant. Beat Hächler, 54 ans, a étudié la littérature allemande, l’histoire contemporaine et les sciences des médias. Il a repris la direction du Musée alpin, à Berne, en 2011. Une transformation spectaculaire. Les vitrines de la collection permanente qui occupait l’essentiel de la maison ont été balayées pour des expositions temporaires captivantes, à l’image de l’actuelle Dilatation des pupilles à l’approche des sommets. Un voyage à travers 100 films suisses, signé par le scénariste et écrivain Antoine Jaccoud.
Désormais, on propose au visiteur un éclairage sur le monde d’aujourd’hui aussi. A la fois grave et ironique. Ainsi, la salle qui, actuellement, retrace le destin du géranium, un migrant d’Afrique du Sud devenu symbole de l’Helvétie. Ou, en 2013, les photographies de l’Autrichien Lois Hechenblaikner qui montraient une montagne sur laquelle on préférerait ne pas poser le regard, jonchée de pylônes et de canons à neige, avec des pistes comme des balafres dans une nature au service du loisir.
Les visiteurs suivent: de 15 000 en 2010, leur nombre a passé à près de 30 000 aujourd’hui. Sans compter les nombreuses tournées à l’étranger, mais surtout en Suisse où plus de 100 000 personnes ont été touchées l’an dernier. Si l’institution doit beaucoup à la créativité de Beat Hächler, elle bénéficie aussi de moyens plus importants. Le budget annuel est passé de 2 à 3 millions entre 2010 et aujourd’hui.
Mais l’homme ne s’arrête pas en si bon chemin: il a à cœur d’attirer davantage de public romand, non seulement en traduisant mais en impliquant des francophones dans la conception même des expositions. Et il n’oublie pas le réseautage, puisqu’il a invité les parlementaires fédéraux pour une soirée au musée le 14 juin.