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L’ingénieur romand qui fait jouer les foules

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Jeudi, 12 Décembre, 2013 - 05:57

Innovation.Hadi Barkat vient de lancer un nouveau jeu de société sur le marché américain. Après Helvetiq et ses autres créations dans les quatre langues nationales, il se lance à l’assaut du monde depuis le Danemark.

Le coup de fil qu’il a reçu de l’éditeur américain Chronicle Books, le 15 juin 2012, Hadi Barkat s’en souviendra longtemps. Cet ingénieur en informatique de 36 ans, Vaudois d’adoption, vit alors aux Etats-Unis, où sa femme, une Valaisanne, termine un postgrade en neurosciences à Harvard après une thèse à l’EPFL chez Henry Markram. Lui-même prend soin de leurs deux fillettes de 18 mois et 3 ans, tout en s’occupant de RedCut, petite entreprise basée à Lausanne qui crée des jeux de société. Son produit phare: Helvetiq. Né en 2008 et vendu à plus de 27 000 exemplaires, ce jeu en versions française, allemande, italienne et anglaise permet de tester ses connaissances sur la Suisse à l’aide de questions.

«J’avais contacté Chronicle Books en avril 2012 en leur proposant un concept semblable pour le marché américain. Les semaines passant, je n’attendais plus de réponse de leur part. Et puis il y a eu cet appel. Une personne m’a questionné. J’ai parlé durant trente minutes. A la fin, elle m’a dit: “Ecrivez ce que vous venez de me dire.” Mais je ne savais plus ce que j’avais expliqué, j’étais tellement excité!»

Un mois plus tard, le Vaudois envoie un dossier de 40 pages. Mi-août, il reçoit le contrat et en septembre, il apprend qu’il doit terminer le projet pour le 1er octobre. Il négociera un mois de délai en plus. Depuis novembre 2013, le jeu, NYC IQ – avec plus de 400 questions sur la ville de New York –, est en vente aux Etats-Unis, sur Amazon, chez Barnes & Noble, mais également au musée Guggenheim ou au MoMA. En mars 2014, un même jeu sera disponible avec des questions sur Londres, puis en automne sortira le Paris IQ.

«En travaillant avec un grand éditeur, j’ai vu avec envie ce que l’on peut faire lorsque l’on a des moyens. Ils peuvent mettre dix personnes sur un même projet. Une équipe de correcteurs a trouvé des inexactitudes dans mes 400 questions sur New York. Un ami américain m’avait aidé pour la rédaction.»

Cela fait maintenant cinq ans qu’Hadi Barkat consacre toute son énergie professionnelle à la conception de jeux. Né à Alger, il a grandi en Algérie. Son père a commencé sa vie professionnelle en portant des caisses de dattes. Il deviendra fonctionnaire. Sa mère, elle, est enseignante.

A 14 ans, à l’occasion d’un séjour chez un oncle établi en pays vaudois, il découvre l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. C’est une évidence: c’est là qu’il viendra étudier. Devenu ingénieur en informatique, il travaille dans une banque à Genève, tout en participant au lancement de deux start-up. «J’ai toujours aimé la création de projets en partant de zéro. Je consacrais tous mes loisirs au travail.» Et notamment à un master en management of technology de l’EPFL et HEC Lausanne. Ce nouveau titre en poche, il passe «de l’autre côté»: engagé par un fonds de capital-risque, il est chargé de rencontrer des personnes qui ont des projets susceptibles de devenir des bonnes affaires. «Je vouais mon temps à écouter des gens parler de leurs idées. Durant ces cinq ans, j’ai appris le droit et la finance. J’ai aussi travaillé aux Etats-Unis.»

Hadi Barkat a toujours aimé apprendre en jouant. Il se souvient de parties de jeu très instructives avec ses copains de l’EPFL. «Nous étions des groupes de pêcheurs et il s’agissait de gérer le nombre de bateaux à employer et les endroits où aller. Nous avons appris les compromis et les situations de… lose-lose», sourit-il.

De Boston au Danemark. Alors qu’il est en plein processus pour obtenir la nationalité suisse, le jeune homme a l’idée de développer un jeu pour mieux connaître la Suisse en s’amusant: ce sera le succès d’Helvetiq en 2008, en collaboration avec Sébastien Pauchon, qu’il engagera en le payant avec ses économies. «Quand on a réussi un projet une fois, cela donne confiance en soi. Et l’on pense que l’on peut toujours réussir.» Viendront s’ajouter d’autres créations: Cantuun, Picto Lingua, Belgotron – un jeu sur la Belgique –, Swiss IQ, mais également des puzzles de Lausanne, Genève, Zurich, Saint-Gall et du Tessin.

Depuis quelques mois, ce père de famille a déménagé au Danemark. Sa femme, qui a fini son postgrade, s’est vu offrir une bourse à l’Université de Copenhague pour monter son propre laboratoire. Alors Hadi Barkat a joué le jeu. Et il a dit oui.

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Bertrand Rey
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