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Les héros de votre canton: Maurice Bavaud, le Neuchâtelois qui a tenté de tuer Hitler

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Jeudi, 30 Juin, 2016 - 05:43

Serge Jubin

Idéaliste (1916-1941). Ce catholique fervent a 22 ans quand il part à Munich pour abattre le Führer. Sans y parvenir. Il sera arrêté puis exécuté en 1941.

8 octobre 1938. C’est le dernier jour à Neuchâtel de Maurice Bavaud. Le jeune homme de 22 ans, qui est de retour du séminaire de Saint-Ilan, en Bretagne, où il prépare la prêtrise, va au cinéma avec l’une de ses sœurs. Le lendemain, sans rien dire à sa famille à laquelle il a pris 600 francs, il se rend en Allemagne, puis revient à Bâle pour y acheter une arme de petit calibre, un pistolet de dame. «Il n’avait peur de rien», raconte son frère Adrien, tout en faisant remarquer que Maurice ignorait tout du tir.

Le 9 novembre 1938, à quelques heures de la Nuit de cristal, se faisant passer pour un supporter nazi venu de Suisse afin de voir Hitler, il parvient à assister, au premier rang, à une marche commémorative à Munich. Son dessein: abattre le Führer.

Abandonné par la Suisse

Gêné par la foule enthousiaste qui fait le salut hitlérien, il doit renoncer. Il semble que Maurice Bavaud ait de nouveau tenté de s’approcher de Hitler les jours suivants. Sans succès. Après avoir décidé d’abandonner, il part pour Paris. C’est au cours de ce voyage en train qu’il est contrôlé, sans billet. L’arme et des documents compromettants seront découverts sur lui. Il est arrêté. C’est une lettre de Maurice Bavaud à ses parents, depuis sa prison, qui les informe de son interpellation et des circonstances.

Le jeune catholique pacifiste, considéré comme un terroriste, est torturé par la Gestapo avant d’avouer qu’il a voulu abattre Hitler parce qu’il constituait un danger pour l’humanité en général, pour l’indépendance de la Suisse et pour le catholicisme. Il est condamné à mort en décembre 1939, croupit en prison durant dix-huit mois puis il est exécuté le 14 mai 1941, guillotiné à la prison de Plötzensee à Berlin. Deux jours avant sa mort, Maurice Bavaud avait envoyé une dernière lettre à son père, arrivée à Neuchâtel trois semaines après l’exécution.

Malgré les suppliques du père, les autorités suisses ne volent pas à son secours. Alfred Bavaud avait écrit au conseiller fédéral Giuseppe Motta pour suggérer un échange de prisonniers. L’ambassadeur de Suisse à Berlin, Hans Fröhlicher, ouvertement pronazi, le considère comme un terroriste. «Après l’exécution, la police fédérale est venue trouver mes parents et leur a fait comprendre qu’il fallait taire cette affaire. Il a fallu que mon père insiste pour obtenir un acte de décès», avait rappelé Adrien Bavaud au Temps en 2011.

L’attitude des autorités suisses face au condamné à mort Maurice Bavaud a fait débat. Avant son exécution, les Documents diplomatiques suisses attestent que des diplomates ont demandé à la Légation suisse à Berlin d’agir, celle-ci rétorquant qu’il est inutile et dangereux d’intervenir. La guerre terminée, l’action diplomatique suisse est plus décidée. En 1955, un tribunal allemand commue la condamnation à mort en une peine posthume de cinq ans de prison.

La famille de Maurice Bavaud réclame également une réhabilitation en Suisse, qui finit par intervenir en 1998. «S’il n’a pas été condamné par la Suisse, fait remarquer le frère, Adrien, il a bien été abandonné par son pays.» Le 7 novembre 2008, septante ans après l’acte manqué de Maurice Bavaud, le président de la Confédération Pascal Couchepin lui rend hommage et regrette les insuffisances diplomatiques suisses de l’époque.


En savoir plus

➤ En 1998, la ville de Neuchâtel fait poser une plaque commémorative sur son ancienne demeure, au 5 de la rue du Trésor.

➤ En 2011, par devoir de mémoire, le frère de Maurice Bavaud, Adrien, commande une statue symbolique monumentale de 5 mètres de haut à la sculptrice Charlotte Lauer. Elle est posée dans le jardin du Laténium, à Hauterive.

➤ En 1980, l’écrivain alémanique Niklaus Meienberg a écrit l’ouvrage «Es ist kalt in Brandenburg (Hitler töten)». Villi Hermann en a réalisé un film.

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