Julien Calligaro
Zoom. L’application permet de sélectionner d’un glissement de doigt les activités culturelles organisées autour de soi. Une idée qui séduit les Romands autant que les acteurs du secteur.
Rien de prévu ce soir? Pourquoi pas, alors, une dégustation de vin? Ou la projection du dernier blockbuster, un concert de rock? Ce sont autant de sorties proposées par Toot Sweet. Cette application pour smartphone rassemble toutes les activités culturelles se déroulant autour de soi, des plus proches au plus éloignées, et en fonction de catégories choisies comme «cinéma» ou «expos».
La particularité de cette application: elle ne propose que des événements qui ont lieu dans les minutes ou les heures qui suivent. «Nous souhaitons promouvoir un style de vie spontané, explique Elyes Gherib, cofondateur de la start-up. La routine quotidienne «métro, boulot, dodo» nous fait oublier que les villes regorgent d’offres culturelles.» Dans la pratique, Toot Sweet fonctionne selon le modèle de l’application de rencontres Tinder: l’utilisateur a le choix entre faire glisser l’événement à gauche s’il ne l’intéresse pas, ou à droite s’il lui plaît. A la fin de la sélection, ses choix finaux sont sauvegardés dans une rubrique «favoris».
C’est pour l’instant à Paris, où l’application est née en début d’année 2015, qu’elle rencontre le plus grand succès. Elle comptabilise au total plus de 20 000 téléchargements et 10 000 utilisateurs mensuels. Et l’outil commence également à plaire aux Romands: environ 1000 d’entre eux l’ont déjà téléchargé. La grande majorité des activités proposées par le «Tinder des soirées» en Suisse se concentre sur la région genevoise. La start-up souhaite à terme étendre sa zone d’influence à l’ensemble de l’arc lémanique.
Les théâtres, cinémas et autres lieux culturels peuvent s’inscrire gratuitement sur l’application et mettre en ligne leurs événements. Ils ont aussi la possibilité de vendre leurs billets directement par l’intermédiaire de l’application et d’offrir des promotions dans les heures qui précèdent une activité. Toot Sweet retient une commission de 10 à 20% sur ces transactions.
Plus de 20 institutions genevoises approvisionnent déjà l’outil pour smartphone. «Nous avons pourtant encore beaucoup de contenu gratuit, déniché sur Facebook par exemple», avoue Elyes Gherib. L’objectif de la jeune start-up est de créer un véritable réseau de professionnels qui alimentent l’application pour que les utilisateurs aient plus d’activités au choix.
Remplir les salles
Pour ce faire, elle compte sur le magazine culturel genevois Go Out. Ce dernier promeut Toot Sweet en Suisse romande auprès des lieux de sortie en les encourageant à utiliser l’application. Mais également auprès des utilisateurs, en y insérant directement les événements futurs. «Nous souhaitons faciliter l’accès à la diversité de l’offre culturelle en tout temps et par tous les moyens, précise Mabrouk Neffati de Go Out. L’app est donc un excellent complément au magazine, dans la mesure où elle vise à valoriser la culture au jour le jour, tandis que Go Out le fait pour le mois.» Selon lui, le support mobile est aussi l’occasion de susciter la curiosité des personnes qui s’intéressent peu a priori à tel ou tel type de manifestation.
Optimiser la capacité des salles est un autre but de l’application. «La plupart des pièces de théâtre ou des séances de cinéma commencent avec un taux de remplissage de 70% seulement», constate Elyes Gherib. Un manque à gagner considérable pour les professionnels. Le Théâtre Forum Meyrin, qui alimente Toot Sweet depuis sa création, l’a bien compris. Pour Chloé Briquet, assistante de communication du centre culturel, «l’application est une aubaine et pourrait nous permettre de remplir les dernières places restantes juste avant le début des représentations».