L’arrivée de quelques financiers et liaisons aériennes supplémentaires va se payer cash: franc en hausse, conjoncture en baisse.
Une chance pour la Suisse? Ils sont plusieurs à penser, comme l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, que le vote britannique offre des occasions nouvelles pour le renforcement de la position extérieure du pays et sa place économique. La compétitivité indigène se serait ainsi légèrement renforcée face à celle du Royaume-Uni, croit Balz Hösly, président du Greater Zurich Area, l’organe de promotion de la métropole alémanique.
Ainsi, banques, gérants de fortune ou sociétés de trading seraient très intéressés à déplacer une partie de leurs équipes sur les rives du Léman, de la Limmat ou du lac de Zoug, à la recherche de cieux plus tranquilles que ceux de la City. Perspective qui réjouit aussi les professionnels de l’immobilier résidentiel haut de gamme, qui s’attendent à une reprise de leurs affaires après trois ans de baisse. Mais ces institutions n’y auraient pas plus d’accès au marché des services financiers européens qu’en restant à Londres. La Suisse n’offre pas de réel avantage. Elle ne doit donc pas s’attendre à un mouvement de fond.
Elle peut certes espérer recueillir quelques miettes, comme l’arrivée d’étudiants dans ses hautes écoles ou un recentrage d’easyJet à Cointrin. Mais le prix est élevé: un nouveau renforcement du franc, un affaiblissement de la puissance de feu de la BNS, «qui tire ses dernières cartouches», comme le résume le professeur Sergio Rossi, de Fribourg, et un abaissement des prévisions de croissance de 0,2%. A Genève, ce ralentissement sera encore plus marqué, selon la banque cantonale.
La Suisse peut certes se persuader qu’elle servira de poisson-pilote pour le Royaume-Uni. Mais que vaudront même 20 ans d’expérience de bilatérales face au choc inédit et titanesque d’une sortie de la deuxième économie de l’Union européenne, où tout doit être inventé?