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Plus rien à fêter au Soudan du Sud

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Jeudi, 7 Juillet, 2016 - 05:53

Étienne Dubuis

Eclairage. Cinq ans après son indépendance, le plus jeune pays du monde est plongé dans la guerre civile.

Le plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud, ne va pas fêter ce 9 juillet le cinquième anniversaire de son indépendance. Le gouvernement de Juba l’a annoncé il y a quelques jours en affirmant qu’il ne souhaitait pas «dépenser trop d’argent». Mais la mauvaise situation sécuritaire explique sans doute aussi cette prudence. Et puis, qu’y aurait-il à célébrer?

L’indépendance du Soudan du Sud a été favorisée par de nombreux pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis. Elle était censée assurer l’affaiblissement d’un grand ennemi de Washington, le Soudan, tout en mettant fin à une très longue guerre civile entre le pouvoir «arabe» de Khartoum et les populations «noires» du sud du pays. Objet d’un référendum d’autodétermination, elle a été plébiscitée en janvier 2011 par 98,83% des votants, avant d’entrer en vigueur le 9 juillet de la même année.

Quelques jours plus tard, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’ancien conseiller fédéral Joseph Deiss, pouvait fièrement déclarer le jeune pays 193e Etat membre de l’ONU. L’une des régions les plus déshéritées du globe entrait dans le grand concert des nations.

Mais la situation a rapidement mal tourné. La guerre à laquelle s’étaient livrés pendant près de quarante ans la rébellion et le pouvoir de Khartoum dissimulait d’autres conflits, tout aussi sanglants, entre diverses populations du Sud, ainsi qu’une rivalité féroce entre les deux principaux peuples de la région, les Dinkas et les Nuers.

La paix n’a pas tenu. Le président Salva Kiir, d’origine dinka, a limogé deux ans après l’indépendance son vice-président Riek Machar, d’origine nuer, sous prétexte que ce dernier souhaitait se présenter à la prochaine élection présidentielle. La hache de guerre était déterrée. Cinq mois plus tard, des combats ont éclaté entre les deux camps au cœur même de Juba avant de s’étendre au reste du pays – et faire plusieurs dizaines de milliers de morts et 2,3 millions de déplacés.

Un accord de paix a été finalement signé sous forte pression internationale en août 2015. Riek Machar a retrouvé son poste de vice-président et Salva Kiir s’est donné ces derniers jours un gouvernement de transition composé des principales forces politico-militaires du pays. Mais les tensions restent vives entre les deux camps. Et des affrontements se poursuivent ici et là entre d’obscures milices tribales. Quant à l’«insécurité alimentaire», elle a atteint cet été un niveau sans précédent depuis l’indépendance: elle touche près de 5 millions de personnes, soit plus du tiers de la population. 

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