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La fin du (contrat de) travail

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Jeudi, 28 Juillet, 2016 - 05:41

Robert Gloy

Zoom. Un quart de la population suisse travaille en indépendant. Et toujours plus de jeunes actifs sont séduits par les principes de ce que l’on appelle la «gig economy»: travailler «à la mission» et sans employeur fixe.

Les chauffeurs Uber, qui utilisent leur propre véhicule et choisissent quand ils souhaitent travailler, sont-ils précurseurs d’une tendance plus générale de gestion des ressources humaines? On le dirait bien. Occuper un poste dans une entreprise avec des horaires fixes séduit en effet de moins en moins la jeune génération, qui préfère cumuler différentes missions, en se mettant en relation avec des employeurs temporaires via des plateformes numériques.

Aux Etats-Unis, où la tendance s’observe depuis quelques années, cette nouvelle forme de salariat a été baptisée gig economy, en référence aux artistes rémunérés au gig (à la prestation). Elle se développe à travers des plateformes comme TaskRabbit ou Upwork. Selon une étude de l’association des travailleurs indépendants, 53 millions d’Américains – soit 34% de la population active – effectuent aujourd’hui de manière régulière ou irrégulière des tâches professionnelles qui ne sont pas celles d’un emploi fixe.

En Suisse, c’est un quart de la population active qui travaille en dehors du salariat classique, d’après une étude réalisée l’an dernier par le cabinet d’audit Deloitte. Mais la véritable ampleur de la gig economy demeure toutefois difficile à mesurer, estime Romain Hofer, porte-parole de Manpower en Suisse, un des leaders mondiaux dans le secteur du placement temporaire et du recrutement fixe. «Qui est vraiment concerné? Les indépendants? Ou ceux qui effectuent des petits boulots pour arrondir les fins de mois?»

En progrès rapide

S’il est difficile de quantifier le phénomène, il semble cependant progresser rapidement: dans une étude de Manpower sur les jeunes travailleurs suisses entre 20 et 34 ans, publiée fin juin, plus d’un tiers des personnes interrogées se disent prêtes à mener leur vie professionnelle en tant que free-lance et en cumulant plusieurs activités.

La plateforme Gigme pourrait contribuer à accélérer le mouvement. Fondée en juin 2015 à Zurich, elle diffuse à l’heure actuelle des offres de service de particulier à particulier, principalement dans les domaines du conseil, de la formation, des travaux ménagers et des technologies de l’information. Et la plateforme vient d’obtenir les autorisations pour pouvoir mettre en lien des particuliers et des entreprises.

«En plus du travail de mise en relation, nous proposerons de prendre en charge toutes les démarches administratives en lien avec la mission, telles que les charges sociales et les impôts, explique Thomas Löhrer, responsable marketing de Gigme. La Suisse est prédestinée à la gig economy, car les gens y sont très bien formés et très ouverts aux nouvelles technologies et à leurs applications.» La plateforme compte s’ouvrir au marché romand d’ici quelques mois.

«Travailler «à la mission» veut aussi dire renoncer à une certaine sécurité et stabilité dans la vie professionnelle, relève Romain Hofer. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer qu’un travailleur indépendant doit constamment jongler entre l’exécution d’une mission et la prospection.» Aux Etats-Unis, diverses études estiment que jusqu’à 70 millions de travailleurs pourraient se retrouver dans une situation précarisée dans les dix prochaines années. 

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Henrik Sorensen
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