Réflexions. A l’occasion du 1er Août, «L’Hebdo» ouvre le débat sur l’identité suisse: qu’est-ce qu’être Suisse aujourd’hui? Qu’est-ce qui nourrit notre fierté, notre sentiment d’appartenance ou, au contraire, notre scepticisme? Des personnalités romandes répondent.
C’était en 1992: à l’Exposition universelle de Séville, le slogan de l’artiste Ben Vautier «La Suisse n’existe pas» généra un formidable tollé. Si le rôle des artistes est de provoquer des réactions plutôt qu’une adhésion distraite, alors ce fut magnifiquement réussi. Une génération plus tard, presque vingt-cinq ans après les cris d’orfraie et les ricanements désabusés, la Confédération affiche une santé économique et un moral national au top. Comme si chaque Suisse, mais aussi nombre d’étrangers qui ont pris racine entre Romanshorn et Genève, s’était personnellement employé à faire mentir ce trait d’autodérision.
La Suisse existe, mais qui est-elle? C’est là que le débat identitaire, qui traverse désormais toutes les démocraties européennes, se corse chez nous. Ni le territoire, ni la langue, ni la religion, ni même une longue histoire commune ne permettent de définir les Suisses. Nous détestons d’ailleurs la notion de nation, et notre fédéralisme fait office de vaccin antinationaliste, en cultivant amoureusement nos attaches cantonales, régionales ou locales (ce qui ne veut pas dire que la politique échappe aux discours nationalistes et à leur ténébreuse emprise).
Sur la forme, le patriotisme rouge à croix blanche est à la mode. Sur le fond, c’est l’adhésion à un corpus de valeurs qui définit l’Helvète du XXIe siècle. C’est ce qui ressort clairement des textes que nous publions dans les pages suivantes. Sollicitées par L’Hebdo à l’occasion de la fête nationale du 1er Août, des personnalités romandes s’expriment sur leur rapport à l’identité suisse, auscultent, entre réflexions historiques et émotions, leur sentiment d’appartenance et de fierté.
Si beaucoup d’entre elles sont nées Suisses, et interrogent ce privilège dû au hasard, d’autres le sont devenues volontiers, avec une ferveur de convertis, qui nous enseigne une chose: malgré les infinies diversités qui composent la Suisse, malgré les doutes qui l’assaillent parfois, son pouvoir d’attraction est massif.
Sommaire
- Céline Amaudruz Conseillère nationale (UDC/GE)
- Caroline Iberg Cosecrétaire générale du Nouveau mouvement européen suisse - Nomes
- Micheline Calmy-Rey Ancienne conseillère fédérale socialiste genevoise
- François Longchamp Président du gouvernement genevois (PLR)
- Pascal Broulis Conseiller d’Etat (VD/PLR)
- Aline Ballaman Directrice générale Swiss Center Shanghai
- Sylviane Roche Ecrivain
- Christophe Vuilleumier Historien
- Béatrice Métraux Conseillère d’Etat (Verts/VD)
- Guillaume Barazzone Maire de Genève et conseiller national PDC
- Slobodan Despot Ecrivain et éditeur
- Marcel Salathé Professeur associé à l’EPFL
- Jean-Nat Karakash Conseiller d’Etat (PS/NE)
- Catherine Vasey Psychothérapeute
Retrouvez nos autres auteurs sur Le blog des invités de la rédaction.
Découvrez également les illustrations dans la galerie d'images Être Suisse.