Interview. Ethnologue formée à Paris, Françoise Gardiol, auteure d’essais sur les questions de diversité culturelle, souligne l’importance du rôle des voyageurs dans la société.
Comment devient-on nomade?
La réponse varie d’une personne à l’autre. Certains partent pour fuir un quotidien insatisfaisant. D’autres pour se découvrir ou se retrouver. Quoi qu’il en soit, la curiosité reste bien souvent le motif de départ principal, car répondre à l’appel nomade, c’est être prêt à se dépouiller de tout ce que l’on connaît, afin de trouver une autre forme de vie.
Tout partirait alors d’une envie de rébellion?
En quelque sorte, oui. Les nomades sont des idéalistes, qui assument d’aller à contre-courant de leur société. Ils expérimentent d’autres façons de vivre et montrent que celles-ci sont possibles.
Gardent-ils toutefois une place dans leur milieu d’origine?
Les nomades se tissent une nouvelle personnalité, plus ouverte. Il n’est dès lors pas rare qu’ils se sentent en décalage au moment du retour ou de séjours dans leur pays d’origine. Ils s’y révèlent en revanche indispensables. De simples citoyens, ils sont en effet devenus témoins de la diversité culturelle et humaine, et nourrissent la tolérance entre civilisations. Un rôle essentiel à l’heure où la peur de l’autre ne cesse de croître.