Céline Bilardo et Julien Calligaro
La gynécomastie est une pathologie peu connue et encore taboue. Une intervention rapide suffit pourtant à la traiter.
Plus de cent par an: c’est le nombre de cas d’hypertrophie des seins chez les hommes que Stéphane Smarrito, chirurgien à la Clinique de Montchoisi à Lausanne, opère. Cette pathologie, appelée gynécomastie, est présente chez plus d’un adolescent sur deux. Elle peut être la conséquence de surpoids, mais également d’un dérèglement hormonal ou d’un cancer des testicules.
Dans le premier cas, on parle de «pseudogynécomastie», ou d’adipomastie. Une liposuccion suffit alors à enlever l’accumulation de graisse au niveau des pectoraux. Dans le second, un bilan de santé est nécessaire pour traiter la cause directe de la gynécomastie. La plupart du temps pourtant, il n’y a pas de raison particulière qui explique cette pathologie.
L’opération chirurgicale, d’une durée de quarante-cinq minutes, est alors conseillée. Il s’agit d’enlever une partie de la glande mammaire, trop volumineuse, tout en effectuant une liposuccion. L’intervention coûte entre 2500 et 12 000 francs. Elle se place au quatrième rang des opérations de chirurgie esthétique les plus pratiquées au monde chez les hommes (172 000 interventions en 2014), après la correction des paupières (près de 300 000), la rhinoplastie (235 000) et la liposuccion (175 000).
La majorité des patients de Stéphane Smarrito ont entre 18 et 25 ans. «Il m’arrive d’opérer de temps en temps des ados lorsque les seins sont trop volumineux, précise-t-il. Mais il ne faut pas se précipiter: 90% des gynécomasties régressent de manière spontanée à la fin de l’adolescence.»
Fabrice Mazenauer, Vaudois de 24 ans, a subi une gynécomastie en 2015. «Enfant, j’étais grassouillet. Puis, à mes 18 ans, j’ai décidé de me prendre en main et de faire du fitness. Alors que j’avais perdu beaucoup de poids, j’ai remarqué que de grosses boules au niveau des tétons persistaient.»
A l’époque, le jeune homme pensait que c’était de la graisse. C’est après quelques recherches sur l’internet qu’il découvre qu’il souffre d’une gynécomastie. L’opération l’a décomplexé: «Aujourd’hui, mon torse est totalement plat. Je peux enfin mettre un t-shirt moulant.» Il regrette que la gynécomastie soit encore un sujet tabou en Suisse: «Trop peu de personnes savent de quoi il s’agit. Je suis sûr que certains garçons en souffrent sans même s’en rendre compte.»