Sylvia Revello
Décodage. Les cartes personnalisées, envoyées depuis un téléphone portable et délivrées gratuitement par La Poste, séduisent toujours davantage: 3 millions d’envois depuis janvier.
Les caractères d’imprimerie ont remplacé les taches d’encre, le grain lisse du papier industriel celui du toucher cartonné. Et pourtant, le message reste intact. Baisers de Capri, pensées de Séville ou clin d’œil de Split: les cartes postales envoyées via un téléphone portable et délivrées par La Poste font toujours rêver. Une photo souvenir, un petit texte, un clic et l’envoi part.
C’est alors, pour le destinataire, le même sursaut du cœur en ouvrant sa boîte aux lettres, le même sourire en parcourant les quelques lignes rédigées par un frère, une cousine ou, pourquoi pas, un amant. Lancée au printemps 2014, l’application gratuite de La Poste séduit toujours plus de personnes: quelque 3 millions de cartes ont été envoyées depuis le début de l’année, 4,5 millions en 2015.
Simple, rapide et efficace: Erna Pinard, domiciliée au Landeron, dans le canton de Neuchâtel, ne tarit pas d’éloges sur l’application PostCard Creator, que son filleul lui a fait découvrir il y a un an. «C’est étonnamment très facile. En une minute, on peut prendre une photo et l’envoyer accompagnée d’un message. La personne la reçoit par courrier A, imprimée dans sa boîte aux lettres», explique la retraitée de 69 ans, visiblement à l’aise sur les supports numériques.
Une manière pour elle de garder contact avec ses petits-enfants. «Comme ils travaillent énormément, je n’ai pas l’occasion de les voir souvent. Leur écrire me permet de leur rappeler que je pense à eux.» Dernière pensée en date: une carte adressée à sa fille, qu’elle a envoyée depuis Loèche-les-Bains.
Un envoi par jour
Limitée à un envoi gratuit par jour, l’application fonctionne à l’intérieur du pays, et depuis l’étranger vers la Suisse et le Liechtenstein. Pour ceux qui veulent envoyer davantage, la carte postale coûte 2 fr. 75 en courrier A et 2 fr. 40 en courrier B. «A la frontière entre le numérique et le physique, les cartes postales concoctées sur l’application PostCard Creator offrent une prestation numérique incarnée», précise Nathalie Dérobert, porte-parole de La Poste. Le côté sur mesure séduit, l’argument financier aussi. «Entre l’achat des cartes et des timbres, écrire depuis l’étranger revient vite cher», soulève Erna Pinard, qui continue toutefois à avoir recours aux cartes postales traditionnelles de temps en temps.
«Plutôt que de recevoir un banal cliché de la tour Eiffel sur papier glacé, mon grand-père me découvre tout sourire à ses pieds», s’enthousiasme quant à lui Daniel Santos, étudiant genevois de 19 ans. Lassé des paysages vus et revus ou des monuments convenus, le jeune homme n’utilise plus que l’application mobile pour donner des nouvelles décalées à sa famille lorsqu’il est en vacances. «Le concept est plus fun, on peut prendre une photo différente pour chaque personne en fonction de ses goûts et même lui rappeler une anecdote ou lui faire une blague avec une photo rébus.»
Opération marketing?
Des cartes postales gratuites, rien qu’une opération marketing? Bien sûr, La Poste en profite pour diffuser un court texte publicitaire, imprimé sur chaque carte postale. «Mais c’est aussi l’occasion de faire la promotion de notre service de mailing professionnel qui, lui, est payant», précise Nathalie Dérobert. Avec des milliers d’envois en courrier A chaque année, l’opération est-elle rentable? «Nous ne communiquons pas de chiffres à ce sujet, mais en termes d’image, le gain est évident. Moderne, flexible, La Poste se renouvelle et montre qu’elle sait adapter ses prestations aux nouvelles technologies.» Et ça marche. Les pensées virtuelles, couchées sur papier, s’échangent sans discontinuer.