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Consul de Suisse, une riche histoire

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Jeudi, 6 Octobre, 2016 - 05:55

Richard Werly

Eclairage. André Frey est, à Bordeaux, consul honoraire de Suisse. Le dernier consulat général y a fermé en 2008.

Il n’est jamais facile de prendre la relève d’une porte fermée par l’administration. Nous sommes en mai 2008. Restrictions budgétaires et réaménagement des représentations diplomatiques obligent, le Département fédéral des affaires étrangères tourne la page du consulat général de Suisse à Bordeaux, créé en 1798. Un choc... amorti par la nomination simultanée d’un consul honoraire, d’abord confié à une diplomate helvétique à la retraite, puis depuis 2014 à André Frey, binational franco-suisse, ancien directeur du MIN, le marché de gros de la cité girondine.

«Je suis un passeur d’informations, disponible pour assister, informer, accueillir», dit l’intéressé, en rappelant la présence historique d’une forte colonie suisse sur cette façade atlantique portée par le négoce. Relation compliquée et féconde que celle de Bordeaux et des cantons suisses. Sous Louis XIV, la révocation de l’édit de Nantes en 1685 pousse quantité de négociants protestants à trouver refuge en Helvétie, tandis que quatre régiments francs suisses assurent la garde des armureries royales. Mais, en sous-main, beaucoup d’exilés maintiennent des intérêts.

Le banquier suisse Nezer, d’origine française, sera l’un des premiers à investir dans le développement commercial et agricole du bassin d’Arcachon, où une forêt porte toujours son nom. Des pâtissiers des Grisons squattent les cuisines de la noblesse. Vient la Révolution, puis 1798 et l’attention de Bonaparte pour ces cantons voisins, verrou de l’Europe. Bordeaux est lié commercialement à l’Angleterre. Le blocus entrave le négoce. La première représentation consulaire suisse, créée à Bordeaux, vit des heures difficiles.

«Il m’arrive souvent de recevoir des visiteurs, ou bien des Suisses désireux de prendre leur retraite ici, qui ne connaissent pas cet héritage lointain. Or, ces repères sont importants. Ils sont gravés dans les murs de cette ville», explique André Frey. Les patronymes en portent d’ailleurs les traces.

Sitôt le Premier Empire abrogé, la Restauration a ouvert la voie à la reprise du commerce de spiritueux. Les familles Lung, Eschenauer ou de Luze – dont une lointaine descendante, Séverine Pacteau de Luze, a présenté son dernier livre à la librairie Mollat (voir "Denis Mollat, le tram et l'islam") – reprennent activement leur commerce. De véritables dynasties en résultent. Leur souvenir, aujourd’hui, demeure un puissant trait d’union.

A lire: «Alfred de Luze, un négociant en vin à Bordeaux (1797-1880)». De Séverine Pacteau de Luze. Ed. Confluences.

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