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Faut-il se chauffer au bois, au gaz ou à l’eau du lac?

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Jeudi, 13 Octobre, 2016 - 05:45

Chauffage. Les techniques de production de chaleur ont peu évolué ces dernières années. C’est surtout une isolation renforcée qui permet d’économiser de l’énergie. Il n’empêche que choisir entre pompe à chaleur, gaz et bois n’est pas évident. Les conseils d’un expert.

A moins que vous n’ayez les moyens de partir passer l’hiver dans un pays chaud, l’heure est venue de vérifier si votre installation de chauffage est prête à vous tenir à l’abri des frimas à venir. L’occasion aussi de vous demander si elle ne peut pas être améliorée ou s’il ne serait pas bon d’en changer si vous êtes propriétaire.

Où en sommes-nous en matière de chauffage central aujourd’hui? Quels progrès technologiques ont été faits? Quel type de production de chaleur faut-il choisir? Enrique Zurita, ingénieur et directeur général de Weinmann-Energies*, à Echallens, répond à ces questions.

«Ce qui a changé ces dernières années, ce n’est pas tant la manière de produire de la chaleur que celle consistant à mieux la conserver à l’intérieur tout en empêchant le froid de pénétrer dans les maisons. La grande avancée a donc eu lieu du côté de l’isolation. Il y a de nouvelles exigences, des labels comme Minergie qui font qu’aujourd’hui les maisons nécessitent très peu d’énergie pour être chauffées. On met facilement 25 centimètres d’isolation où auparavant on en mettait dix, et les vitrages actuels sont thermiquement plus performants que les murs d’époque. Les maisons deviennent de vrais thermos, les besoins en chauffage ont diminué de manière drastique, à tel point qu’aujourd’hui on dimensionne les installations plutôt en fonction des besoins en eau chaude que des besoins en chauffage.»

Normes plus sévères

S’il n’y a pas eu d’avancées majeures en matière de production de chaleur, certains systèmes sont en voie de disparition. La Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie** a défini, dans ses Principes directeurs de la politique énergétique de 2012, que:

«Dès 2020, les nouveaux bâtiments devront autant que possible subvenir toute l’année à leurs propres besoins en chaleur et, pour une part appropriée, en électricité. Les chauffages à résistance électrique seront interdits dès 2015, avec l’obligation d’assainir dans un délai de dix ans. […] Le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables comme l’assainissement de l’enveloppe des bâtiments seront encouragés de manière accrue.»

Vous l’avez compris, le chauffage électrique n’est plus une solution et le chauffage à mazout semble voué à disparaître. Alors, comment et avec quoi allons-nous nous chauffer à l’avenir?

Chauffage à bois

Ils ont beaucoup été améliorés ces dernières années. Il n’est aujourd’hui plus nécessaire de remettre du bois manuellement dans l’installation, ça se fait automatiquement, depuis un silo, une citerne à bois contenant des pellets ou des plaquettes de bois. «Technologiquement, c’est désormais à la portée de tout le monde, y compris pour de petites villas», souligne Enrique Zurita.

Pompes à chaleur

Si le principe de base n’a pas changé (voir infographie), les performances des pompes à chaleur ont été améliorées et les prix sont plus accessibles. «Il y a trois systèmes, précise notre expert, pour aller chercher de l’énergie et donc de la chaleur: dans la terre, dans l’air ou dans l’eau. On augmente ensuite le niveau de température à 30-35 °C pour alimenter un chauffage, à 50-60 °C pour de l’eau chaude. En principe, on prend trois parts d’énergie dans l’environnement et on en rajoute une, en utilisant de l’électricité.»

Aller chercher l’énergie sous terre, cela s’appelle la géothermie. C’est le système le plus efficace, le plus pérenne, mais aussi le plus cher, car il faut entreprendre des forages importants, à environ 200 mètres de profondeur. Pour l’air, on travaille avec un ventilateur. Mais plus la température de l’air est basse, moins le rendement est élevé. Même principe pour l’eau, qu’on va puiser dans un ruisseau, un lac ou une nappe phréatique.

On l’ignore souvent, mais l’EPFL se chauffe principalement avec l’eau du lac. Et un grand projet est en cours à Genève pour distribuer l’eau du lac dans les bâtiments du centre-ville pour alimenter des pompes à chaleur décentralisées.

Le désavantage de la pompe à chaleur tient au fait qu’elle produit de l’eau de chauffage à basse température. Ce qui ne pose pas de problème en cas de chauffage au sol, mais lorsqu’on a besoin de plus hautes températures, comme dans des immeubles rénovés ou des bâtiments industriels, il faut compléter cette énergie avec du gaz, du mazout ou du bois. Des installations mixtes sont bien sûr possibles.

Le gaz

Il s’agit d’une énergie fossile, mais d’une énergie de réseau. Le gaz produit moins de CO2 que le mazout et il est également plus avantageux à installer, notammentparce qu’il ne nécessite pas de citerne et il permet de réduire la fréquence de ramonage.

Les coûts

«Gaz ou mazout, c’est le moins cher à l’investissement. Le prix combustible gaz est calé sur celui du mazout et les pellets de bois suivent cette même courbe du marché. Une pompe à chaleur avec forage géothermique, c’est plus cher à l’investissement, tandis qu’une pompe à chaleur à air ou à eau est un peu plus chère qu’une installation à gaz. Le coût de l’énergie produite avec une pompe à chaleur est légèrement inférieur à celui produit avec du gaz ou du mazout», estime Enrique Zurita.

Dans l’évaluation du choix d’une installation de production de chaleur entre encore la dimension écologique, qui dépend non seulement de la sensibilité de chacun mais aussi de sa capacité financière. D’autant plus que certains peuvent pousser très loin leurs investissements pour devenir totalement autonomes en matière d’énergie. Par exemple en produisant de l’énergie électrique au moyen de panneaux solaires photovoltaïques.

Quoi qu’il en soit, l’objectif est le même pour tout le monde: réduire sa consommation d’énergie, de plein gré ou de force.

Chauffage au sol ou radiateurs?

Une fois fait le choix du système de production de chaleur reste celui de la diffusion dans le logement. On l’a vu, en cas de pompe à chaleur, le chauffage au sol est préférable, puisque dans les serpentins circule de l’eau à 30-35 °C. Pour les radiateurs, il faut environ 50 °C, ce que produit sans problème un chauffage à gaz ou mixte, pompe à chaleur-gaz. L’avantage du radiateur tient au fait que sa température peut aisément être réglée et qu’il peut être remplacé facilement. Le chauffage au sol, lui, offre des espaces libérés pour l’aménagement.

En matière de chauffage central, il existe aujourd’hui plusieurs bonnes solutions, en fonction de critères divers et variés. Si vous construisez ou rénovez, il peut être bon de prendre conseil auprès d’un bureau d’études. «Nous ne sommes pas les seuls, précise en souriant Enrique Zurita. Et il n’y a pas besoin de donner un mandat à un ingénieur, juste de s’offrir une heure ou deux de conseil, pour 200 ou 300 francs. Ce qui peut permettre d’éviter des erreurs et des frais inutiles.»

* Weinmann Energies, Echallens, Genève et Neuchâtel: www.weinmann-energies.ch
** Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie: www.endk.ch

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Jonas Lindstrom / Ferm Living
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