Anaelle Vallat
Zoom. La Chaîne du bonheur et la RTS lancent une plateforme de récolte de dons adaptée à la génération numérique.
La levée de fonds classique, comme un courrier avec un bulletin de versement, un appel téléphonique ou encore un stand au marché de Noël, reste la manière la plus répandue de récolter de l’argent pour une bonne cause. Un système qui se révèle cependant de moins en moins populaire parmi les donateurs. «Les versements mensuels restent courants.
Mais on voit se développer une nouvelle tendance qui est de s’impliquer physiquement et personnellement pour atteindre un objectif», explique Sophie Balbo, porte-parole de la Chaîne du bonheur, qui s’associe à la RTS pour lancer l’opération Cœur à cœur.
D’après une étude canadienne, les jeunes nés à partir du début des années 80 sont davantage enclins à soutenir un ami qui descend un bâtiment en rappel plutôt que de verser de l’argent à une association quelconque dans la rue. «Les nouvelles générations veulent s’approprier les projets et faire partie d’une communauté. Agir ensemble est important», ajoute Sophie Balbo.
Un engagement qui passe désormais aussi par une plateforme web. Pour lancer sa propre récolte de dons, un ambassadeur peut y proposer un défi personnel ou en équipe puis demander à son réseau – famille, amis, collègues et connaissances – de financer l’exploit.
En août dernier, deux Vaudois décidaient par exemple de réaliser le tour du lac Léman en stand up paddle, en contrepartie d’un parrainage des internautes. L’argent recueilli a été entièrement reversé à l’association Rêves d’enfants. Autre exemple, depuis cinq ans, des personnes qui soutiennent la Ligue contre le cancer se rasent la tête en échange de subsides.
En Suisse, l’association Helvetas est pionnière en la matière. Il y a quatre ans, elle a élaboré la plateforme Life Changer, qui permet à tout un chacun de créer sa propre campagne de collecte de fonds. L’hôte met en avant un service, un pari, une invitation, un anniversaire ou même une naissance, et encourage les dons. Ce n’est pas forcément un défi: des mariés peuvent par exemple demander que les cadeaux en espèces de leurs invités soient reversés via le site à une association.
Plus de contrôle sur les dons
«Ces opérations, basées sur des supports informatiques, connaissent un grand succès grâce à l’explosion des réseaux sociaux», explique Frédéric Baldini, chargé des partenariats de projets et des médias chez Helvetas. Autre facteur de taille, par ce biais plus personnel, la personne sollicitée a le sentiment d’avoir plus de contrôle sur la finalité de ses dons. «Le public donateur est de plus en plus exigeant. Il souhaite savoir où va vraiment son argent», affirme Sophie Balbo.
Dans le cadre de leur opération conjointe Cœur à cœur, la RTS et la Chaîne du bonheur ont elles aussi misé sur les défis pour mobiliser les Romands face à la précarité. Grâce au site internet agir.bonheur.ch, lancé fin novembre, les citoyens peuvent s’inscrire pour lancer ou soutenir des projets de toutes sortes, qui se dérouleront durant la semaine du 17 au 23 décembre.
Au cours de ces 147 heures, trois animateurs radio, Pauline Seiterle, Jonas Schneiter et Philippe Robin, seront enfermés dans un studio de verre à la place Centrale, à Lausanne, avec l’objectif de récolter des dons durant ces six jours et ces six nuits à l’antenne.
Ce type d’événement a déjà conquis les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique, où la liste de défis se diversifie chaque année. Le lavage de voitures mobile de la radio belge, des cours de cuisine ou de portage de bébé, des crèches géantes de Noël, des blind tests, des ventes aux enchères ou encore le parrainage de courses à pied et de vélo ont amassé des sommes importantes, témoignant de l’enthousiasme de la population à ce type de mobilisation.