Le 31 janvier dernier, la disparition de Benoît Violier bouleversait la Suisse romande et toute la planète gastronomique. Dix mois plus tard, une nouvelle histoire s’écrit à l’Hôtel de Ville: celle d’un concept qui incarne la force d’une équipe hors pair.
Il est 9 heures du matin en ce gris jeudi d’automne quand la porte de l’Hôtel de Ville de Crissier s’ouvre sur Brigitte Violier. Dans son élégant manteau couleur sable, elle traverse la place. Au passage, elle adresse un salut souriant à Frédéric, l’un des maîtres d’hôtel, qui commence sa journée de travail. A l’évidence, le restaurant a retrouvé une belle sérénité. Et pourtant, il y a dix mois, tout le monde s’interrogeait: comment remplacer un homme comme Benoît Violier, au charisme et au dynamisme presque surhumains?
Inutile de chercher, Benoît Violier ne se remplace pas par un seul homme. «Quand Franck Giovannini a accepté de reprendre le poste de chef, je savais qu’il serait l’élément clé de la continuité. Puis chacun de nous a trouvé sa place, tout naturellement, au sein de l’équipe qui fait aujourd’hui l’incroyable force de notre restaurant, analyse Brigitte Violier. Tous ensemble, nous avons entrepris un projet à part entière, à la fois nouveau et attaché à la continuité dans l’excellence .» Un succès, immédiatement entériné par les guides.
Pour y parvenir, Brigitte Violier a fait appel à des coachs. Des spécialistes du monde du sport «afin d’intégrer et d’associer tous les collaborateurs à l’esprit nouveau qui souffle sur Crissier», explique la cheffe d’entreprise. Sur le site internet de l’Hôtel de Ville, elle lance d’ailleurs ces jours la «Gastronomie de l’extrême ».
Régulièrement, des sportifs et des artistes de haut niveau viendront y confirmer le parallèle qui s’impose entre eux et les collaborateurs d’un restaurant hors du commun. La snowboardeuse Géraldine Fasnacht ouvre la voie: «La seule femme qui vole comme un oiseau», relève Brigitte Violier. Tout un symbole.
Ainsi l’Hôtel de Ville poursuit son nouvel envol. Dans sa vaste et bouillonnante cuisine, Franck Giovannini n’en revient pas: «Il y a bien eu quelques tables libres de temps en temps. Mais nous avons atteint les chiffres de l’année passée. C’est fantastique.» Du coup, en ce matin gris, la brigade s’affaire avec une ferveur et une précision intactes.
«Le conseil d’administration nous a soutenus, les clients sont revenus et nous avons même observé un renouvellement de la clientèle. Comme partout, le ticket moyen est en légère baisse. Mais tous les témoignages de solidarité nous boostent», apprécie Brigitte Violier. Un succès porteur, puisqu’un livre se prépare et que le développement de l’académie de cuisine qui tenait tellement à cœur à Benoît Violier est à nouveau d’actualité.