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Hebdo.ch » revue de blogs de la semaine

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Jeudi, 11 Juillet, 2013 - 05:52

Souriez, vous êtes informés

Voltaire n’aurait jamais écrit «je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire». La formule serait d’une certaine Evelyn Beatrice Hall, qui a consacré un ouvrage au philosophe français en 1906. Mince. Moi qui voulais l’utiliser, ô surprise, pour vous faire l’apologie de la liberté de la presse. Celle d’informer, d’éclairer, même (et surtout) quand cela déplaît aux trois autres pouvoirs que sont le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Car que serions-nous devenus sans Carl Bernstein et Bob Woodward, les vaillants journalistes du Washington Post qui révélèrent en 1972 le scandale du Watergate? Que serions-nous devenus sans Mediapart, Le Monde, The Guardian ou Der Spiegel, qui ont tous contribué à révéler diverses «affaires» au sommet de l’Etat? Des ignorants.

Aussi, à ceux que l’affaire Snowden indigne, à ceux qui s’offusquent d’avoir appris que Washington espionnait la terre entière, je demande ceci: arrêtez. Et souriez. Si nous étions en Russie ou en Chine, la presse ne vous aurait jamais révélé l’existence d’écoutes gouvernementales. Charles Poncet ne me contredira pas : «Le journaliste qui s’y risquerait s’exposerait à la prison ou à la mort. En Amérique et dans la plupart des pays européens, les journalistes qui ont publié les informations de Snowden ne risquent rien aux USA. En Suisse, en revanche, nous conservons des dispositions pénales qui font exactement l’inverse: le whistleblower ne risque rien tant que le journaliste protège sa source, mais le journaliste sera condamné. On peut à cet égard préférer le régime américain.»

Même libre, la presse reste parfois impuissante face à l’arbitraire du pouvoir. Prenez le cas de la France. Ou plutôt celui de Nicolas Sarkozy. L’ex-président de la République vient de démissionner du Conseil constitutionnel. Motif? L’institution où siègent aussi Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac a rejeté ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2012, privant ainsi l’UMP de quelque 11 millions d’euros. Furieux, Sarkozy a déclaré aux médias que sa décision lui permettrait de «retrouver la liberté de parole». Le comble. Comme nous le rappelle Guy Sorman, le Conseil n’a cessé de faire progresser la France «vers un Etat de droit, s’opposant à l’arbitraire des présidents comme aux passions du Parlement. Hélas! Bien que membre de cette belle institution, Nicolas Sarkozy, plutôt que d’y participer et d’accepter une décision juridiquement incontestable, a préféré réveiller la geste bonapartiste: le culte du chef.»

Il arrive aussi que la presse libre nous agace. Parce que, au lieu de tricoter du sens, elle tord la réalité, la travestit. René Jost estime ainsi que certains médias accordent une portée démesurée à l’accord de libre-échange qui vient d’être signé entre la Suisse et la Chine. «A l’instar de l’éditorial du rédacteur en chef de la SonntagsZeitung qui a, le 7 juillet, énuméré de manière enthousiaste les effets bénéfiques qu’aura ce traité pour notre économie et les places de travail dans notre pays. En outre, il prétend que «l’accord de libre-échange avec la Chine rend la Suisse moins dépendante de l’UE et des Etats-Unis qui mettent notre pays sous forte pression. Il est grand temps de placer nos relations avec l’Union européenne sur une base plus saine et, surtout, plus réaliste. Il faut arrêter de la considérer comme notre pire ennemie seulement parce qu’elle se permet de défendre ses intérêts.»». De la foutaise, selon notre contributeur. (…)

Rassurez-vous: la démocratie sait se passer des médias pour évoluer. Au Zimbabwe, nous apprend Patrick Morier-Genoud, la ministre Misihairabwi-Mushonga propose aux femmes de faire la grève du sexe pour lutter contre l’abstentionnisme de leurs maris, qui ont tendance à envoyer leurs épouses voter à leur place. «Avant de pouvoir glisser le leur dans le vagin conjugal, les hommes devront d’abord introduire leur bulletin dans l’urne. […] Les politiciennes suisses devraient peut-être y songer, voire même perfectionner l’idée. […]», suggère notre blogueur. Voilà un bon sujet d’article.


Blogs» Politique» Ombres et lumières sur le Palais fédéral
Le PLR bientôt sur le sable?

Parce qu’aucune vision ne porte le Parti libéral-radical, sa déchéance paraît inéluctable.
François Cherix

A ce jour, les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi certaines baleines choisissent de s’échouer sur le sable. Troubles neurologiques, pannes du système d’orientation, perturbations dues à la pollution des eaux, différents facteurs semblent en cause. Demain, les politologues s’interrogeront sur les phénomènes qui ont poussé le Parti libéral-radical à organiser sa propre déchéance. Rarement un parti politique suisse aura travaillé avec autant d’obstination à sa marginalisation.

Les comportements suicidaires du PLR ont débuté avec son adhésion aux principes du néolibéralisme. «Moins d’Etat» ont crié ses élus pendant des décennies, sans se rendre compte qu’ils postulaient ainsi un «moins d’eux-mêmes», puisqu’ils tenaient en main un système qu’ils avaient d’ailleurs créé. Par la suite, cette limitation au champ économique s’est révélée encore trop vaste pour un parti dont les idées ne cessaient de rétrécir. Délaissant l’économie réelle, il s’est peu à peu focalisé sur la défense de la place financière. Aujourd’hui, ultime appauvrissement intellectuel, le PLR veut sauver le secret bancaire, même si les professionnels de la branche souhaitent passer à l’échange d’informations. Certes, l’agitation de quelques platitudes tente de compenser cet assèchement programmatique. Nous sommes pour l’emploi, répètent en boucle certains élus, comme s’il existait un camp partisan du chômage. Hélas, le vide, même fébrile, reste du vide.

En fait, sous la houlette brutale et simpliste de Philipp Müller, actuel président, l’objectif du PLR paraît être de finir dans les bras de l’UDC. Antisociaux, souverainistes, peignant une Suisse en guerre économique, qualifiant de traîtres à la patrie ceux qui osent s’écarter des réflexes nationalistes, les Radicaux n’ont désormais plus rien à envier à la droite populiste. Mieux, soucieux de ne pas s’en tenir au discours, ils se montrent ses meilleurs agents électoraux. Dans les cantons de Neuchâtel et du Valais, messieurs Perrin et Freysinger doivent beaucoup à leurs efforts. L’action politique ne peut exister durablement sans pensée, ni générosité. Parce qu’aucun idéal, aucune vision, aucun projet ne porte le PLR, sa déchéance paraît inéluctable. On ne voit pas quelle révolution interne pourrait le relancer.

Ses derniers esprits libres seront étouffés par sa droitisation. Ses derniers sursauts en matière de communication ne masqueront pas son insignifiance. Qui peut sauver une baleine nageant vers le sable?

* La dernière contribution de François Cherix a donné lieu à une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux. N’hésitez pas à poursuivre le débat sur les comptes Facebook et Twitter de L’Hebdo.


Blogs» Politique» La Suisse à 10  millions d’habitants
De la place de la langue anglaise en Suisse

La motion de Fathi Derder pour que l’anglais devienne une langue officielle? Une excellente idée, à un détail près.
Pierre Dessemontet

Disons-le tout de suite, je trouve excellente l’idée de donner un statut à l’usage de l’anglais dans notre pays (…) Il est également bon de profiter de l’ouverture de ce débat pour tordre le cou à quelques idées reçues sur l’anglais en Suisse. D’abord, cette billevesée selon laquelle l’anglais menacerait nos langues et le lien confédéral. C’est doublement faux. Premièrement, les résultats des recensement et des enquêtes structurelles de l’OFS montrent au contraire que lors des vingt dernières années, nos langues nationales se sont nettement renforcées dans leurs aires linguistiques respectives (…)

Ce qui baisse effectivement en Suisse, c’est le «bilinguisme national»: les Suisses parlent de moins en moins une autre langue nationale que la leur (…) Et deuxièmement, moi qui tiens l’essentiel des séances du conseil d’administration dont je suis membre en anglais, je ne peux simplement pas croire qu’un Vaudois et un Lucernois se parlant en anglais menacent le lien confédéral plus sûrement qu’en ne se comprenant pas du tout dans leurs idiomes respectifs (…) Toutes ces raisons, d’ailleurs développées longuement par Fathi Derder, me poussent donc à soutenir cette motion. Toutefois, c’est au nom de ces mêmes raisons – en bref: l’anglais n’est une menace pour personne – que je m’oppose à une petite phrase lovée dans le texte, et qui veut conditionner l’obtention des permis de travail à la maîtrise d’une langue nationale (…) On n’a jamais procédé de la sorte jusqu’à maintenant. Même l’UDC n’a, que je sache, pas proposé quelque chose d’aussi restrictif. Aussi, dans le texte, il n’est pas fait mention d’une application de cette condition aux seuls anglophones, ce que le principe symétrique évoqué suggérerait (…)

Finalement, cette mesure s’appliquerait à l’entrée en Suisse, une rupture d’avec notre pratique, où l’essentiel des immigrés de première génération a appris la langue sur le tas, une fois admis dans le pays. Et l’effet immédiat de la mesure serait une sélection de l’immigration selon la langue: bonjour Français, Wallons et Québécois, Allemands et Autrichiens, Italiens. Adieu tous les autres, Hispaniques, lusophones, Slaves et Albanais, Anglo-Saxons, Indiens et Chinois… y compris ceux qui font fonctionner les institutions internationales et une bonne partie de la Suisse du savoir que défend par ailleurs avec tant de véhémence Fathi Derder. En somme, un monstre de fermeture sous le couvert de l’ouverture et de la modernité. C’est dommage (…) Puis-je suggérer à Fathi Derder de retoucher son texte, en suivant par exemple cette très libérale maxime: live and let live?
 

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