Rencontre. Pas facile de s’adapter au pays des Helvètes. Deux auteurs, dont le Britannique Diccon Bewes, livrent avec humour les douze commandements pour réussir son examen de passage ou s’y sentir mieux.
L’un des meilleurs connaisseurs de la suissitude, l’écrivain britannique Diccon Bewes, est de retour avec un nouveau livre: Comment être Suisse *. Il le signe cette fois avec l’illustrateur alémanique Michael Meister. Comme d’habitude, c’est instructif et drôle à la fois.
Diccon Bewes vit avec la Suisse une double histoire d’amour. Arrivé dans notre pays en avril 2005 pour y soigner une grave maladie, sur le conseil de son médecin, le Britannique n’en repartira plus. «La Suisse n’est pas parfaite, mais presque.» Cette flamme pour son pays d’adoption, il la déclare déjà dans Le suissologue *, un premier livre qui devient vite un best-seller. Il s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires dans ses trois versions: anglaise, allemande et française.
Pour les expatriés, il est parfois difficile de s’adapter en cette république alpine qui non seulement multiplie les règlements, mais a aussi ses règles tacites. «Beaucoup d’étrangers se plaignent de ne pas s’y faire d’amis , témoigne Diccon Bewes, qui relativise. Les Suisses ont l’amitié solide, mais restrictive.»
Les auteurs énumèrent les douze – car dix ne suffisaient pas – commandements à respecter au pays des Helvètes. Cela commence par «Tu croiras que Guillaume Tell est le véritable fondateur de la nation» et se termine par «La propreté sera ta première religion». Une propreté qui n’est pas toujours au rendez-vous.
«Les abords des stations de tram sont jonchés de mégots de cigarettes, ce qui choque les touristes.» Diccon Bewes parle en connaissance de cause. Il organise des visites de la ville de Berne. «Ce problème, qui est plus préoccupant qu’à Londres, revient toujours lors des questions. Les gens s’attendent à un pays immaculé.»
En fait, ce livre est un mode d’emploi pour tout candidat à la naturalisation. Ce qui tombe bien: Diccon Bewes entamera l’an prochain les démarches pour obtenir la citoyenneté helvétique. Il sait que la course d’obstacles sera longue et lui coûtera quelque 4000 francs dans un canton qui, sous la pression de l’UDC, est le seul en Suisse à faire passer un examen écrit en matière de «Swissness». Un piège pour lui. Qui a fondé la Confédération en 1291 ? Guillaume Tell, bien sûr!
* «How to be Swiss». De Diccon Bewes et Michael Meister. Editions Bergli.
* «Le suissologue». De Diccon Bewes. Editions Helvetiq.
CHRONOLOGIE SELON «HOW TO BE SWISS»
1981: Roger Federer sort de sa coquille et transforme le tennis en art.
1983: Nicolas Hayek, un immigré libanais, sauve l’industrie horlogère suisse en lançant la Swatch, une montre bon marché et tendance.
1992: Le peuple enterre toute vision européenne en rejetant l’Espace économique européen (EEE).
1999: La Suisse se dote d’une Constitution complètement révisée.
2001: La preuve que tout n’est pas parfait en Suisse: sa compagnie aérienne Swissair fait faillite.
2002: Le peuple surmonte sa peur des engagements internationaux et adhère à l’ONU.
2003: Même si la Suisse est un pays sans accès à la mer, le team Alinghi gagne la Coupe de l’America.
2007: Le Conseil fédéral standardise la couleur rouge du drapeau suisse: il s’agit du Pantone 485.
2009: Lors d’un vote historique, la Landsgemeinde d’Appenzell Rhodes-Intérieures interdit aux promeneurs de se balader nus.
2016: En dix-sept ans, la Suisse creuse le plus long tunnel ferroviaire du monde, le Gothard.