Mathilde Farine
La Banque nationale suisse impose des intérêts en dessous de zéro pour cent. C’est parti pour durer.
Le phénomène a commencé fin 2014. En décembre, la Banque nationale suisse (BNS) a introduit les taux d’intérêt négatifs, qu’elle a renforcés à – 0,75% en janvier 2015, en même temps qu’elle retirait son taux plancher face à l’euro. Depuis, il faut de fait payer un loyer pour déposer des fonds auprès de la banque centrale.
Les taux négatifs avaient déjà été introduits dans d’autres pays, du nord de l’Europe notamment, mais jamais à une telle ampleur. En 2016, quelques observateurs ont envisagé une nouvelle baisse à plusieurs reprises pour répondre aux pressions sur le franc, mais sans que la BNS ne passe à l’acte.
Taxe sur l’épargne
L’institution a mis en place cette forme de taxe pour contrer l’appréciation du franc et prévenir la déflation. La mesure devrait aussi stimuler l’économie, car elle encourage les banques à prêter au secteur privé plutôt qu’à stocker des liquidités. De même, les ménages sont incités à consommer plutôt qu’à épargner. Seule exception: les taux hypothécaires restent positifs.
La BNS – qui intervient aussi en rachetant des euros et en vendant du franc pour faire baisser la valeur de ce dernier – considère ces mesures comme efficaces, mais beaucoup lui reprochent des effets collatéraux problématiques: les banques doivent s’acquitter de cette taxe et elles la répercutent dans une certaine mesure sur les clients; les rendements de certains emprunts sont devenus négatifs, obligeant les investisseurs à payer pour prêter, etc.
Or, rien ne dit que la situation va s’inverser rapidement. Au contraire, selon plusieurs experts, il y a de fortes chances que la Suisse doive vivre avec cette mesure jusqu’en 2019.