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Rüdiger Gamm: «Quand je calcule, je rentre dans une sorte de méditation»

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Jeudi, 19 Janvier, 2017 - 05:58

Interview. Rüdiger Gamm est un génie du calcul mental. Pour effectuer des opérations avec des nombres extrêmement complexes, il fait preuve de capacités attentionnelles hors norme.

Si l’on se réfère à ses bulletins scolaires, Rüdiger Gamm était nul à l’école. Difficile à croire quand on sait que ce prodige du calcul mental est capable d’énoncer, en une dizaine de secondes, le résultat d’opérations jusqu’au sextillard, qu’il est en mesure de parler à l’envers sans l’once d’une difficulté apparente et peut énoncer le jour de la semaine correspondant à n’importe quelle date piochée au hasard dans le calendrier que ce soit dans le passé ou dans le futur.

Contrairement à de nombreux prodiges de l’esprit, que l’on nomme parfois autistes savants, l’Allemand ne souffre d’aucun handicap lui conférant ses capacités hors norme. Certes, la génétique explique pour une part les facultés incroyables de son cerveau, mais c’est aussi à force d’entraînement que Rüdiger Gamm parvient à réaliser des prouesses arithmétiques. L’Hebdo l’a joint par téléphone.

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L'Hebdo: Aussi étonnant que cela puisse paraître, vous avez découvert vos facultés mathématiques extraordinaires sur le tard…

Rüdiger Gamm: En effet, c’était à l’âge de 21 ans, deux semaines après avoir achevé ma formation de vendeur d’assurances. J’ai découvert mes capacités à la lecture d’un livre qui contenait une table de nombres à la puissance 2 et 3. Pour m’amuser, j’ai appris par cœur la plupart de ces nombres, et j’ai remarqué le jour d’après que je les connaissais toujours. J’ai commencé à en mémoriser toujours plus, puis également à les calculer. Enfant, j’avais déjà une bonne mémoire des nombres, mais j’étais une véritable catastrophe à l’école, spécialement en mathématiques.

- C’est tout de même assez incroyable… Comment expliquez-vous ce paradoxe?

- Avant tout parce que, selon moi, l’école n’a rien à voir avec l’intelligence. De plus, quand j’étais adolescent, j’avais plein d’autres choses en tête. Je faisais du sport et du bodybuilding, je voulais ressembler à Arnold Schwarzenegger. J’étais bon mais pas assez, c’est pourquoi, quand j’ai découvert mes capacités, j’ai tout arrêté pour me consacrer à l’étude des nombres.

- Vos facultés sont en parties innées, mais vous avez aussi beaucoup travaillé pour les acquérir…

- Tout à fait. En ce qui me concerne, il s’agit vraiment d’une combinaison entre propriétés génétiques et entraînement, un peu comme un sportif de haut niveau. Quand j’ai remarqué que j’avais un talent, j’ai commencé à m’entraîner plusieurs heures par jour sans plan précis, mais avec une grande motivation.

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- Comment avez-vous procédé pour apprendre toute cette matière complexe?

- J’ai une sorte d’outil mental pour cela. Certaines combinaisons apprises par cœur me permettent d’en calculer d’autres plus facilement. Je peux ainsi appeler des résultats, y compris des années après les avoir apprises, afin de les utiliser dans d’autres opérations. Cela ressemble un peu à une sorte de méditation, car cela demande une grande concentration. Pour mémoriser de la matière, la plupart des personnes utilisent des outils mnémotechniques, mais ce n’est pas ainsi que je procède. Pour ma part, je vois les nombres défiler dans ma tête comme sur une sorte d’écran d’ordinateur. Un peu comme dans Terminator…

- On en revient à Schwarzenegger. Cela dit, même en travaillant beaucoup, on ne peut pas tous arriver à ce résultat…

- Il y a une théorie scientifique énonçant que 10 000 heures d’entraînement permettraient de devenir le meilleur dans n’importe quel domaine. Pour moi, c’est un non-sens absolu. Si l’on n’a pas un talent naturel à la base, c’est tout simplement impossible.

- En menant des tests par imagerie médicale, les scientifiques ont pu constater que vous utilisiez différemment votre cerveau pour calculer par rapport à l’immense majorité des gens…

- C’est exact. Il a été montré que j’utilisais mon hémisphère droit, alors que normalement c’est l’hémisphère gauche qui est sollicité pour ce genre de tâche. Cela signifie que j’utilise des zones que l’on utilise normalement pour d’autres fonctions, comme la reconnaissance faciale.

- Selon vous, le secret pour améliorer ses capacités d’apprentissage est de parvenir à synchroniser les deux hémisphères cérébraux et non pas de n’utiliser qu’un seul côté. Peut-on s’entraîner à utiliser plus ergonomiquement notre cerveau?

- Oui, c’est possible. Par exemple en apprenant de nouvelles langues, ou en pratiquant de nouvelles activités sportives. Il est important aussi d’essayer de trouver du temps pour se relaxer et d’éviter le multitasking, qui ne fait rien d’autre que tuer la synchronisation du cerveau.
 


Profil

Né le 10 juillet 1971 à Welzheim, en Allemagne, Rüdiger Gamm est un prodige du calcul mental. Il est l’auteur de Train Your Brain - Die Erfolgsgeheimnisse eines Gedächtniskünstlers, paru en 2008, et de Das Brain-Training: Fitness für Gedächtnis, Logik und Kreativität, sorti en 2011.

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