Echanges.Le World Economic Forum n’organise pas seulement la célèbre rencontre dans les Grisons, mais aussi une multitude d’événements régionaux qui disséminent sur les cinq continents les idées développées à Davos.
Geneviève Ruiz
Le World Economic Forum: une puissante machine qui tourne toute l’année et sous toutes les latitudes. Son centre opérationnel: Genève. Ses points d’ancrage: New York, Pékin et Tokyo. Son action la plus visible: le sommet de Davos, qui attire chaque année plus de 2000 personnalités du monde économique, politique, académique, médiatique et artistique, ainsi que des leaders religieux et des représentants des ONG. Un rendez-vous qui sonnera de nouveau, du 22 au 25 janvier prochains, le branle-bas de combat dans la station grisonne où 3000 soldats seront chargés d’assurer la sécurité des invités.
Alors que le rassemblement «davosien» prend toute la lumière, il n’est en réalité qu’une petite partie des événements que le WEF, piloté par son fondateur Klaus Schwab, organise à travers la planète.
Parmi ces rencontres, il y a tout d’abord le «Davos de l’été». Programmé chaque mois de septembre en Chine, il est considéré comme le plus important événement d’affaires global d’Asie.
Il est suivi en novembre par le «Sommet de l’agenda global», qui rassemble aux Emirats arabes unis 1500 experts académiques, économiques et autres, pour participer «au plus grand brainstorming du monde».
En plus de ces événements fixes, le WEF a aussi développé des forums économiques régionaux dès la fin des années 70. D’abord organisés à Genève, ils ont été peu à peu déplacés dans les pays ou les régions du monde concernés. En 2013, pas moins de neuf forums de ce type ont eu lieu en Ukraine, en Russie, en Mongolie, au Japon, en Birmanie, en Jordanie, en Afrique du Sud, au Pérou et en Azerbaïdjan. Certains concernent uniquement le pays, alors que d’autres sont en lien avec toute une région, voire un continent. Ils réunissent entre 500 et 1000 participants.
Des mini-Davos.«Nous choisissons les pays en fonction dedifférents critères comme l’actualité économique ou politique, explique Alois Zwinggi, directeur des forums économiques régionaux au WEF. Le soutien des gouvernements hôtes est également important. C’est souvent après une suggestion de leur part que nous organisons l’événement.»
Pour quelles raisons le WEF met-il sur pied ces forums régionaux dans des pays émergents? «Ces plateformes sont en quelque sorte des mini-Davos, répond Alois Zwinggi. Elles servent à poursuivre les discussions entamées en janvier dans les contextes spécifiques de ces pays. Notre objectif consiste à donner un écho local aux idées de Davos et à pouvoir faire participer aux discussions les acteurs économiques, politiques ou culturels qui peuvent avoir un impact décisif dans le développement de ces régions, mais que, faute de place, nous ne pouvons pas recevoir en Suisse. Si nous organisons ces conférences uniquement dans les pays émergents, c’est parce que la demande pour ce type d’événement y est plus forte. Et il est plus facile de motiver les leaders européens ou américains à y venir, car il existe davantage d’événements similaires dans les pays développés.»
Les thèmes abordés dans les forums régionaux du WEF sont globalement les mêmes qu’à Davos, c’est-à-dire la croissance économique, les problèmes sociaux et environnementaux, les facteurs de risques, les différences de genre… «Nous adaptons l’agenda fixé chaque année à Davos en fonction des régions, précise encore Alois Zwinggi. Par exemple, lors de notre prochain sommet africain, le thème phare sera la création d’emplois. Et au Panamá, il sera question de la diversification de l’économie.»
Occasions uniques. Quels sont les résultats concrets de ces conférences, que le WEF définit sous le terme de «plateformes de discussion globales»? «Ils sont nombreux. Mais ils ne sont souvent pas perceptibles en raison de la complexité des problèmes internationaux et régionaux, relève Christophe Weber, ancien représentant du WEF en Chine de 2009 à 2013. L’objectif du WEF est de créer un agenda mondial commun dans lequel de nombreux acteurs de la société interagissent pour trouver des solutions. Il est difficile de quantifier les résultats, mais la richesse des échanges lors de ces plateformes est telle que la légitimité du WEF ne peut pas être remise en cause. Un entrepreneur social, un professeur d’université ou un chef d’entreprise peuvent se retrouver assis à côté d’un président ou d’un ministre sans aucun protocole, une situation peu envisageable dans la rigidité d’un cadre diplomatique. Les sommets régionaux du WEF permettent en moins de quatre jours de rencontrer les meilleurs experts, politiciens, entrepreneurs ou acteurs culturels d’une région. Il faudrait au moins une dizaine de voyages et énormément de temps pour rencontrer toutes ces personnes indépendamment.»
En chiffres
Le WEF, qui fête ses 44 ans en 2014, emploie plus de 400 personnesà Cologny (Genève), 100à New York, une vingtaineà Pékin et 3à Tokyo. Son budget atteint les 160 millions de francs par année. Son financement est assuré par ses 1000 entreprises membres, principalement des multinationales, qui paient une cotisation annuelle comprise entre 50 000 et 500 000 francs.
Les rendez-vous de la galaxie WEF en 2014
Dès que le sommet de Davos se termine, les discussions développées dans cet immense incubateur d’idées vont se poursuivre lors des forums économiques régionaux. Ces différents événements sont organisés comme des mini-Davos et représentent des plateformes d’échanges informels pour les élites politiques, économiques et culturelles des pays émergents.
Au programme du WEF pour 2014:
World Economic Forum on Latin America Panamá, du 1er au 3 avril: sommet réunissant entre 500 et 1000 des principaux acteurs politiques, économiques et culturels d’Amérique latine. Thème principal: la diversification économique.
World Economic Forum on Africa Abuja, Nigeria, du 7 au 9 mai: sommet réunissant entre 500 et 1000 des principaux acteurs politiques, économiques et culturels d’Afrique. Thème principal: la création d’emplois.
World Economic Forum on East Asia Manille, Philippines, du 21 au 23 mai: sommet réunissant entre 500 et 1000 des principaux acteurs politiques, économiques et culturels d’Asie du Sud-Est.
Annual Meeting of the New Champions «Summer Davos» Tianjin, Chine, du 10 au 12 septembre: le plus important sommet d’affaires global de tout le continent asiatique, qui réunit 1500 participants.
World Economic Forum on Eurasia Istanbul, Turquie, du 28 au 30 septembre: sommet réunissant entre 500 et 1000 des principaux acteurs politiques, économiques et culturels d’Europe de l’Est et d’Asie centrale.
World Economic Forum on India New Delhi, Inde, du 4 au 6 novembre: sommet réunissant entre 500 et 1000 des principaux acteurs politiques, économiques et culturels d’Inde.
Summit on the Global Agenda Abou Dhabi, Emirats arabes unis, du 17 au 19 novembre: rencontre qui rassemble 1500 experts économiques, politiques, sociaux, culturels du monde entier dans une immense session de brainstorming sur les problèmes et les risques globaux.
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