Quantcast
Channel: L'Hebdo - Cadrages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Maurer à Bruxelles

$
0
0
Jeudi, 13 Février, 2014 - 05:57

Conseil fédéral.A Berne, on réfléchit aux moyens de mettre l’UDC devant ses responsabilités et à l’impliquer davantage dans les négociations.

Comment mettre l’UDC devant ses responsabilités? Comment éviter que l’UDC ne discrédite dans quelques mois tout résultat de renégociation avec l’UE obtenu par Didier Burkhalter et ses diplomates?

Après l’accablement de dimanche soir, une idée, lancée notamment par le conseiller national Roger Nordmann (PS/VS), fait son chemin au Palais fédéral: confier la négociation à Ueli Maurer, seul représentant du parti vainqueur au gouvernement, en le plaçant à la tête du Département des affaires étrangères.

Un gag? Pour ce faire, le Conseil fédéral peut décider d’une rocade entre départements, au besoin par un vote contraignant Maurer à accepter ce changement, comme naguère Adolf Ogi avait été obligé d’abandonner les Transports pour l’Armée.

Un gag? Dans les hautes sphères fédérales, il y a bien quelques doutes sur ce que cela amènerait car le ministre UDC ne connaît pas ces dossiers, lui qui a pris grand soin de ne pas mettre un orteil à Bruxelles pendant toute son année de présidence. Mais cela permettrait, souligne-t-on, qu’il se rende compte – et avec lui l’UDC – des difficultés concrètes dans les négociations, «qu’on ne peut pas se contenter de dire “ya ka”».

Par la suite, Maurer devrait soit assumer que l’initiative est inapplicable faute de volonté de négocier de l’UE, soit que le prix de son application est exorbitant en regard des avantages dont jouissait le pays jusqu’au 9 février dernier. Il serait acculé à admettre que l’UDC a menti sur la possibilité de restaurer sans fracas le contingentement de la main-d’œuvre étrangère ou reconnaître que la volonté populaire ne pourra être respectée.

Donc mettre Maurer à la place de Burkhalter. Ou pourquoi pas de Simonetta Sommaruga ou de Johann Schneider-Ammann, autres coresponsables du dossier Suisse-UE? Ces variantes auraient pour avantage de ne pas toucher au Neuchâtelois en pleine année de présidence de la Confédération et de l’OSCE.

Blocher, ambassadeur spécial. Elles s’inscrivent dans la droite ligne de la suggestion émise dès dimanche soir par le PLR: envoyer carrément Christoph Blocher discuter à Bruxelles en lui conférant un titre de secrétaire d’Etat. Difficilement réalisable, il faudrait qu’il démissionne du Parlement, a rétorqué Burkhalter. Il existe pourtant une possibilité plus informelle de le confronter aux réalités bruxelloises, le nommer envoyé ou conseiller spécial, comme le fait de temps à autre le gouvernement lorsqu’il délègue à certains anciens ministres des tâches de représentation.

Sur Teleblocher, le principal intéressé s’est défilé: «On ne peut pas jeter quelqu’un du Conseil fédéral et lui dire après que c’est à lui d’agir.»

Dans les couloirs bernois, une autre piste prend forme: incorporer Maurer à la délégation de trois personnes du Conseil fédéral chargée de s’arranger avec l’UE. On ne bousculerait ainsi aucun ministre, tout en associant l’UDC.

«Institutionnellement, précise un haut fonctionnaire, ce ne sont en principe pas les conseillers fédéraux qui négocient mais bien les représentants des gouvernements. Soit le secrétaire d’Etat, mais aussi des directeurs d’office, des secrétaires généraux, des ambassadeurs.»

Les conseillers fédéraux sont informés de l’évolution des négociations, ils sont appelés à trancher les points politiques, ou élargir le mandat de négociation initial. La conduite de la politique étrangère est de la responsabilité de l’ensemble du collège. Le défi consistera pour ses collègues à obliger Maurer à s’impliquer dans le dossier, et pas seulement à signifier son opposition.

La pression sur le collège va monter d’un cran. Didier Burkhalter, Simonetta Sommaruga, Doris Leuthard, Johann Schneider-Ammann et Eveline Widmer-Schlumpf qui sont au front pour négocier les dossiers bilatéraux, mais aussi Alain Berset, dont on connaît l’intérêt naturel pour la politique étrangère, jouent leur destin personnel dans la résolution de la crise ouverte par le vote du 9 février.

Seul jusqu’ici Ueli Maurer pouvait se permettre de snober Bruxelles, la Défense étant un des rares secteurs non coordonnés entre la Suisse et l’UE, puisque en rien attaché au grand marché européen.

C’est à ce mépris de l’un des leurs pour un enjeu crucial que les six autres doivent trouver le moyen de mettre fin.

Collaboration Catherine Bellini

Edition: 
Rubrique Print: 
Image: 
Peter Schneider / Keystone
Rubrique Une: 
Auteur: 
Pagination: 
Pagination visible
Gratuit: 

Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Trending Articles