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Lettre ouverte à la génération Easyjet et Erasmus

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Jeudi, 27 Février, 2014 - 05:59

Johan Rochel

Le sort nous joue parfois des tours: j’ai reçu par SMS le résultat final de la votation du 9 février alors que je me trouvais sur un bateau entre Manhattan et Staten Island. A mes côtés, tout le monde se pressait contre les fenêtres pour photographier la célèbre statue. Le symbole de la liberté et de l’appel aux migrants se tenait là, inébranlable sur son socle, pris sous les assauts de dizaines de touristes avides de ramener un souvenir. Pour sa part, le SMS parlait des quelque 19 000 voix d’écart.

Le choc passé, les réseaux sociaux ont commencé à résonner de mille bruits, les échanges d’e-mails à tourner à plein régime. Peu après, les assemblées de fond de cafés ont pris le relais. Dix jours après le vote, le résultat porte à la surface une formidable envie de se battre pour une autre Suisse. Partout, l’énergie libérée par ce vote du 9 février est palpable. Il est grand temps de la saisir à pleines mains.

Cette énergie est nourrie par les valeurs d’une Suisse ouverte et dynamique, sûre de ses forces et de ses compétences, considérant l’étranger comme une chance et une opportunité avant d’y voir une menace. C’est la Suisse qui gagne et qu’on fête volontiers avec Stanislas Wawrinka à Melbourne et les Suisses à Sotchi. En plus de nos athlètes d’exception, célébrons une Suisse prospère qui vit de ses talents et de son ouverture au monde. Soyons fiers de nos performances incroyables en tant que société.

Cette énergie se doit d’être spécialement portée par ma génération. Nos chances et opportunités sont touchées de plein fouet par les conséquences de la votation du 9 février. Celles-ci étaient prévisibles et connues: les citoyens qui ont accepté l’initiative ont décidé de ne pas tenir compte de ces problèmes. L’heure n’est pas au règlement de comptes: ma génération doit monter au créneau et défendre bec et ongles ses visions pour la Suisse de demain.

Deux symboles forts caractérisent ma génération: easyJet et Erasmus. La génération easyJet, c’est la génération de l’Europe à portée de voyage. Nous sommes nés avec la possibilité de passer un week-end à Barcelone, de rendre visite à quelques amis à Berlin et de s’offrir un match de foot à Londres. Le tout en montrant brièvement sa carte d’identité à un douanier somnolent, gardien désœuvré d’un espace de droits et de liberté. Cette Europe-là a construit nos repères internationaux, marquant nos premiers voyages du sceau de la liberté et des plaisirs d’aller à la rencontre du continent. L’Europe n’est plus l’étranger, c’est le temps des loisirs et des découvertes.

A cette frénésie de voyages s’est ajoutée la mobilité estudiantine et professionnelle. Rappelez-vous L’auberge espagnole, véritable cri du cœur de tous les étudiants européens réunis autour d’un frigo rempli à craquer. Notre génération Erasmus a grandi avec la conscience de pouvoir se former et travailler à travers l’Europe. Bien plus qu’un simple coup du hasard, nous avons appris à considérer cette chance comme un droit propre! Ce droit a façonné notre rapport à l’Europe, intégrant le continent et ses opportunités dans nos plans de vie et de carrière.

Dans la campagne pour le 9 février, ma génération n’a pas réussi à suffisamment plaider sa cause. Mais l’énergie ne manque pas pour rattraper le retard. Concentrons cette énergie et unissons les forces positives du pays dans un mouvement pour une Suisse prospère. Réapproprions-nous les définitions des termes «opportunité», «croissance», «souveraineté», «prospérité». Dans cet effort, remettons au cœur des questions politiques l’idéal de liberté individuelle, le seul capable de garantir à chacun les opportunités de choisir et de réaliser la vie qu’il souhaite. Le seul en mesure de poser les bases d’une Suisse entreprenante et prête à conquérir le XXIe siècle.

Forts de cette vision pour la Suisse de demain, partons à la rencontre de tous les Confédérés et proposons-leur ces nouvelles alternatives. Portées avec conviction par les forces vives et progressistes du pays, ces visions trouveront preneurs. En avant!


Johan Rochel
Né en 1983, vice-président du think tank foraus - Forum de politique étrangère. Chercheur à l’Université de Zurich et doctorant à l’Université de Fribourg. Il tient un blog sur www.hebdo.ch: Une Suisse en mouvement.

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