Manifestation.Un rassemblement aura lieu le 9 mars à Paris pour exiger un référendum sur l’immigration, «comme en Suisse». Un message du ministre valaisan y sera lu.
Ses amis parisiens qui ont vu le film lui ont demandé d’aller le voir à son tour afin de pouvoir en débattre avec lui. Le film? L’expérience Blocher, du cinéaste suisse Jean-Stéphane Bron, actuellement à l’affiche en France. De passage à Paris, le militant UDC valaisan Bernard Migy s’est apparemment exécuté de bonne grâce: autant bien connaître son ennemi, non pas Blocher le héros, bien sûr, mais Bron le réalisateur.
Lorsque nous avons joint Bernard Migy par téléphone ce dimanche 2 mars, il se rendait d’ailleurs à la séance de rattrapage dans un cinéma du Quartier latin projetant le documentaire helvétique couvert d’éloges par la critique cinématographique française, admirative devant la forme, inquiète quant au fond. Une inquiétude renforcée par le vote des Suisses contre l’immigration de masse.
Le 9 mars, toujours à Paris, le Valaisan doit participer à une manifestation appelant à la tenue en France d’un «référendum contre l’immigration».
Les Helvètes ont montré la voie à suivre, se félicitent les organisateurs de ce rassemblement: Riposte laïque et Résistance républicaine, de la mouvance identitaire. Bernard Migy devrait même y lire un message rédigé par Oskar Freysinger, si l’on en croit Pierre Cassen, animateur et rédacteur du site Riposte laïque. Le «mot» du conseiller d’Etat valaisan UDC pourrait consister, précise le publiciste français, en un soutien «à la mise en place dans l’Hexagone d’un référendum se rapprochant du modèle suisse».
Guide suprême. Les organisateurs auraient préféré qu’Oskar Freysinger soit physiquement parmi eux. Mais celui-ci ne le pourra pas, en raison d’obligations de représentation, de nature essentiellement sportives, qui le retiendront en Valais ce week-end-là, ainsi qu’il l’a indiqué à L’Hebdo, tout en apportant la précision suivante concernant ce rassemblement: «J’ai rédigé une page A4 de propos sur la démocratie directe et la problématique de la libre circulation.»
Avec les années et les combats qu’il a menés, Oskar Freysinger est devenu une sorte de «guide suprême» aux yeux de ceux qui, en France, estiment que l’immigration et l’islam sont les deux faces d’une même pièce et pensent que cette monnaie-là est incompatible avec la monnaie locale.
L’engagement du Suisse dans la votation sur les minarets et la victoire obtenue sur cet objet, en novembre 2009, ont fait de lui le chef de file légitime des identitaires. Et ils sont nombreux dans l’Hexagone. «Il a un charisme qui n’appartient qu’à lui», observe Pierre Cassen, totalement conquis par le personnage, qui incarne selon lui les valeurs simples et vertueuses de la démocratie helvétique, où l’on peut débattre de tout «sans se haïr», mieux, «en se respectant». Les deux hommes se connaissent et semblent s’apprécier. «Pierre Cassen est de gauche, je ne le suis pas, explique Oskar Freysinger.
Il est pour l’avortement, je suis contre. Nous nous retrouvons en revanche dans l’islamo-critique.»
Accueil triomphal. Auréolé de son combat démocratique victorieux contre la construction de nouveaux minarets, Oskar Freysinger avait «explosé» l’applaudimètre lors de sa venue aux Assises internationales contre l’islamisation de l’Europe en décembre 2010 à Paris. Protégé par des gardes du corps à lunettes noires, il semblait lui-même surpris par cet accueil triomphal qui le hissait à une stature quasi mondiale à laquelle il n’aspirait sans doute pas. «Sa participation aux assises était courageuse, car il avait des échéances électorales en Suisse», analyse Pierre Cassen.
Qu’on se le dise: si, en Suisse romande, on devait manquer d’avocats pour défendre le oui du 9 février et ses conséquences fâcheuses, il s’en trouverait de tout disposés en France, qui n’afficheraient pas cette suffisance souvent reprochée aux Français envers le «petit voisin helvétique».
La diatribe du député européen Daniel Cohn-Bendit, le 26 février à Strasbourg, dans laquelle il affirmait que les Suisses reviendraient «à genoux parce qu’ils ont besoin de l’Europe», a d’ailleurs outré Pierre Cassen. «Il demande à l’Europe de traiter la Suisse comme les Etats-Unis traitent Cuba, s’horrifie le fondateur de Riposte laïque. Cohn-Bendit veut que la Suisse s’humilie.» La Confédération helvétique comparée à l’île castriste, pas sûr que Christoph Blocher apprécierait.