▼Les faits
La déclaration d’Alain Berset selon laquelle la Confédération devrait trancher en ultime ressort si les cantons ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur les langues apprises à l’école primaire a suscité de vives réactions en Suisse alémanique. Les cantons tiennent à leur souveraineté en matière d’instruction publique.
▼Les commentaires
Les éditorialistes n’ont guère apprécié l’avertissement du ministre de l’Intérieur. «On se calme, M. Berset. Nous n’avons pas besoin de vos menaces», conseille la Neue Luzerner Zeitung. Même son de cloche dans la NZZ am Sonntag, qui estime que l’utilité du français à l’école est surestimée. «C’est un problème pédagogique que l’on ne saurait résoudre par la politique», écrit-elle. Comme les élèves sont dépassés par l’apprentissage de deux langues à l’école primaire, il faut en choisir une, et c’est forcément l’anglais qui doit s’imposer. «Qu’un pays qui se veut international s’accroche à ses langues nationales par pure idéologie est un non-sens absolu», ajoute-t-elle. Seule consolation pour Alain Berset: un commentaire du Tages-Anzeiger qui lui demande précisément de trancher en vertu de l’article sur la formation harmonisant les études, que le peuple a plébiscitée en 2006. Y compris à Lucerne, où le oui a atteint 85%!
▼A suivre
C’est sûr: la guerre des langues se rallume. En Suisse alémanique, Alain Berset est déjà le nouveau «bailli des langues». Ses détracteurs soulignent qu’il est Romand, donc juge et partie, et dénoncent la «massue» qu’il brandit. Autant de mots qui en disent long sur le dédain des Alémaniques envers la langue de Molière.