KATE ET WILLIAM. En Angleterre, la venue au monde de l’enfant royal est bien autre chose qu’une futilité people: perpétuer, donner spectacle et faire marcher l’économie.
L’habituel délire médiatique. Journalistes faisant le siège du londonien St Mary’s Hospital, affrétant des taxis – les black cabs – à journée faite afin de réserver les places de parc devant l’établissement: elles serviront au car satellite de telle ou telle chaîne de télévision.
Cette obsession de montrer n’est pas qu’un signe de l’époque, de ses superficialités tabloïdes, du féroce déchirement des intimités. Surface du monde royal, elle raconte aussi une histoire ancienne, dont on aurait tort de se moquer. Lorsque l’on faisait autrefois spectacle aux foules du drap ensanglanté des déflorations, c’était la même chose qu’un communiqué aux reporters: dire l’immuable tradition.
Perpétuer. Un bébé, c’est encore mieux: la perpétuation de l’espèce royale. C’est là grande affaire familiale (il sera le premier de sa génération), royale (number three dans l’ordre de succession) et politique: le chef du gouvernement britannique est tenu de rencontrer le souverain pour exposer programme et mesures.
Revenons à la famille. Pour Kate Middleton, la pression est énorme en passant de princesse fun à mère biologique. Il faut se rappeler les années Diana pour imaginer ce qu’elle endure, la folie alentour, culminant avec le suicide d’une infirmière, Jacintha Saldanha, honteuse de s’être fait piéger par un canular radiophonique.
Kate n’est plus qu’un ventre qui doit cracher son fruit, elle apparaît réduite à cette fonction organique: le constat, livré par une fameuse éditoraliste, shocking, a fait débat en Angleterre. Car la jeune princesse, joyeuse et brillante, appréciée par 79% de la population, meilleur marketing d’un clan Windsor peu porté sur la chose, va-t-elle se faire engloutir par ce nouveau statut maternel? Pour quelles conséquences? Déjà, son mari a passé son temps au polo avant l’accouchement: calme, ou premiers désintérêts conjugaux? Et Harry? Passé quatrième dans l’ordre de succession au trône, il ne régnera probablement jamais, alors autant passer sa vie à déconner, pas vrai?
Paris sur le prénom. Enfin, le business. On évalue à 700 millions de francs suisses ce qu’a rapporté à l’économie anglaise le jubilé de la reine en 2012. Un an avant, le mariage de Kate et William en avait fait autant. Les marchés attendent ainsi au bas mot 350 millions de cette naissance. Gadgets royaux (l’image de la famille royale n’est pas protégée), picolages et réjouissances, forte manne touristique: les visiteurs affluent de plus en plus vers Londres ces dernières semaines, aimantés aussi par le glamour monarchique.
Reste enfin la machine à cash des paris, dans un pays où le bookmaker est aussi une tradition. A l’heure où nous imprimons, les mises sont plus nombreuses sur une fille. Alexandra (second prénom de la reine) ou Charlotte sont les prénoms en tête. Mais celui dont le public rêve pour une royale babe, c’est Diana.