▼Les faits
Né en 1949 à Paris dans une famille juive polonaise, le philosophe Alain Finkielkraut, défenseur de la culture et de la langue, a été élu jeudi 10 avril à l’Académie française, au fauteuil de Félicien Marceau, au premier tour, avec seize voix, huit bulletins blancs ayant été marqués d’une croix en signe de désapprobation. Rarement l’élection d’un futur immortel avait suscité pareille controverse.
▼Les commentaires
«Je ne croyais pas que cela fût possible (toujours commencer par un imparfait du subjonctif, quand il s’agit de l’Académie française). J’étais naïf: cette France rance, ce pays qui marine dans l’affront national, est désormais capable de tout. Alain Finkielkraut va donc venir s’asseoir dans un des fauteuils qui recueillit les postérieurs du monarchiste Charles Maurras, condamné à la Libération à la dégradation nationale, de Philippe Pétain (…)», écrit Alain Ruscio sur l’Humanité.fr. Pour Ivan Rioufol, du Figaro.fr, «l’élection du philosophe sous la Coupole met un terme à l’ostracisme qu’ont à subir le plus souvent les néo-réacs, ainsi désignés par la bien-pensance», Rioufol étant lui-même dépeint comme «néo-réac» par ses adversaires. «Triomphe sur la morale médiatique et intellectuelle, qu’il a brillamment réussi à bousculer», commente l’hebdomadaire Valeurs actuelles. «Mais soyons beau joueur, écrit Frédéric Martel sur Franceinfo.fr: félicitons Alain Finkielkraut pour cette élection, car après tout son entrée à l’Académie française est légitime. Il est un homme blanc, un peu “scrogneugneu”, qui rejoint un cénacle à dominante masculine et très blanc pâle.»
▼A suivre
La «réception» en grande pompe du nouvel académicien n’aura pas lieu avant «un an, un an et demi», comme le veut l’usage, précise-t-on au standard de l’Académie.