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La guerre des langues est déclarée

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Jeudi, 1 Mai, 2014 - 06:00

Enquête.Dans les cantons de Suisse alémanique, les initiatives pour ne conserver qu’une seule langue «étrangère» à l’école primaire se multiplient. La place du français est menacée.

Il fait frisquet en ce samedi matin d’avril en la vieille ville de Willisau, petite bourgade de 7000 habitants dans le canton de Lucerne. Entre le Rathaus et le café chocolatier Amrein (en français sur la façade), l’enseignant secondaire Mathias Kunz accroche les passants. «Une seule langue étrangère à l’école primaire, signez l’initiative!» Les gens s’arrêtent, discutent brièvement et apposent leur paraphe avant de poursuivre leurs emplettes.

Pas besoin de les convaincre longtemps. Depuis que le canton a introduit le concept 3/5 (l’anglais en troisième année suivi du français en cinquième) en matière d’enseignement des langues «étrangères», les critiques se multiplient: «Les élèves sont dépassés», tranche le comptable Adrian Arnold. Judith Bühler, mère de deux enfants, acquiesce. «L’un d’eux est en cinquième classe. Il suit, mais nous devons toujours le soutenir», explique-t-elle.

Reste la question à laquelle les initiants, qui s’appuient sur un comité interpartis, ne veulent surtout pas répondre, car c’est celle qui fâche: s’il ne reste qu’une langue en primaire, laquelle sera-ce? L’Hebdo l’a systématiquement posée aux signataires. Vingt fois, trente fois peut-être, la réponse a fusé, identique: «L’anglais, bien sûr, parce que c’est la langue universelle. Et la Suisse est un pays globalisé, ouvert au monde.»

Pas tant que cela à Willisau, qui vient d’approuver l’initiative «Contre l’immigration de masse» à 56,6% le 9 février dernier. Mais ces mêmes Lucernois disent pour la plupart aimer la langue française, qu’ils trouvent «magnifique, mais difficile». Mathias Kunz, qui a fait ses études à l’Université de Fribourg, regrette de constater qu’en arrivant à l’école secondaire, certains élèves se disent «frustrés par le français, où ils commencent par obtenir de mauvaises notes avant de s’engager dans une spirale négative». Pour lui, le problème est donc «uniquement pédagogique».

Le même psychodrame linguistique se déroule à Schaff­house. Ici aussi, c’est un enseignant, le député Vert’libéral Heinz Rether, qui a mis le feu aux poudres par une motion au Grand Conseil. Comme à Lucerne, les profs se sentent dupés. Lorsque le canton avait introduit le «Frühfranzösisch» en cinquième voici cinq ans, il avait promis que la langue de Voltaire ne compterait pas comme branche de promotion, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. «L’anglais et le français, c’est “too much” pour un tiers des élèves, qui ne suivent plus», note Heinz Rether.

Et la Suisse dans tout cela, cette «Willens­nation» (nation de volonté) que les Alémaniques se plaisent à encenser lors de la fête fédérale du 1er Août? Là, le citoyen et Helvète Rether souligne qu’il a de bons copains romands, qu’il lui arrive de passer des vacances en France et qu’il pourrait s’imaginer qu’on explique l’importance de la cohésion nationale à l’école. Mais il se refuse à dramatiser: «Croyez-vous vraiment que la Suisse s’effondrerait si on privilégiait l’anglais comme première langue étrangère chez nous comme en Suisse romande?»

Une Suisse aux équilibres fragiles
Il ne faut pas se le cacher. En ce printemps 2014, la Suisse revit une guerre des langues qui ne dit pas son nom. Outre Lucerne et Schaffhouse, Nidwald, la Thurgovie, les Grisons et Bâle-Campagne ont entamé des démarches qui remettent en question l’apprentissage de deux langues «étrangères» à l’école primaire. A chaque fois, le même scénario se répète. Jamais les critiques ne ciblent le français nommément, mais tous savent bien quelle sera la victime expiatoire de l’opération. Entre les deux langues, il n’y a pas photo: «L’anglais, c’est la langue de l’économie et de la recherche», martèle-t-on partout outre-Sarine.

Les enseignants alémaniques sont sûrement sincères en jurant que leur démarche est purement pédagogique. Il n’en demeure pas moins que leur fronde n’est pas innocente, surtout dans une Suisse aux équilibres si fragiles. Les valeurs qui font le ciment du pays se lézardent. Les cantons riches ne veulent plus soutenir à bout de bras les plus pauvres dans le cadre de la péréquation financière. Quant à la majorité linguistique, elle ne voit plus l’intérêt d’apprendre une langue jugée «rébarbative», dont les subtilités grammaticales et orthographiques sont décourageantes. Et tant pis si, contrairement à l’allemand, elle est encore l’une des langues officielles de l’ONU, de l’Union européenne ou encore du CIO. Dans les cours de récré, les élèves en souffrance, surtout ceux qui se sentent largués, pestent contre ce qui n’est plus pour eux que le «Scheissfranzösisch».

Attention! Ce débat ne révèle pas un simple Röstigraben à la hauteur de la Sarine. Cette fois, le fossé qui se creuse se situe du côté de la Reuss, la rivière du massif du Gothard qui se jette dans l’Aar. A l’ouest, six cantons à cheval sur la frontière linguistique (BS, BL, SO, BE, FR et VS) privilégient encore le français à l’école primaire dès la troisième année. A l’est, les cantons accordent la priorité à l’anglais. Mais des deux côtés du «Reussgraben», l’écrasante majorité des cantons dispense les deux langues en primaire.

Sentiment nationaliste
Lorsque la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) avait conclu ce compromis en 2004, on avait cru ce conflit apaisé. Mais la Suisse alémanique vit ces temps-ci un autre psychodrame, celui de l’harmonisation du plan d’études (Lehrplan 21), qui passe très mal dans certaines parties du pays. Certains milieux politiques, l’UDC notamment, voient dans cette harmonisation une centralisation déguisée qui sape la sacro-sainte autonomie des cantons en matière d’instruction publique. Dans ce contexte, le débat sur les langues est la goutte qui fait déborder le vase.

En Suisse romande, cette résurgence d’un débat très émotionnel alarme les esprits. «Je suis étonné, pour ne pas dire choqué, par ces velléités d’écarter le français de l’école primaire, d’autant plus que l’on avait trouvé un compromis raisonnable», déplore le président du PDC Christophe Darbellay. C’est une tendance lourde: «La Suisse alémanique ne fait pas beaucoup d’efforts pour promouvoir le français. Elle exalte volontiers son sentiment nationaliste et identitaire», constate-t-il.

En témoigne cette propension qu’elle a à se prendre pour la Suisse entière. Lorsqu’elle sacre les personnalités de l’année à l’enseigne des Swiss Awards, la SSR, ou plutôt la TV alémanique, rassemble ses invités VIP au Hallenstadion de Zurich dans une émission animée en dialecte, même si elle doit encore passer au français lorsque le Suisse de l’année s’appelle Stanislas Wawrinka. Le Schweizer Buchpreis ignore un auteur à succès comme Joël Dicker. Quant au Lehrerverband Schweiz (LCH), il se prend abusivement pour la faîtière des enseignants suisses, alors que le Syndicat des enseignants romands (SER) n’en est pas membre.

«Que serait la Suisse alémanique sans les Romands et les Suisses italiens?, interroge l’ex-conseiller fédéral Pascal Couchepin. Une province de l’Allemagne, d’une certaine manière.» La nouvelle cheffe de l’Office fédéral de la culture Isabelle Chassot abonde dans ce sens. «Ce ne serait même pas une Suisse en miniature. Il lui manquerait tout ce qui fait l’identité de ce pays: le respect des minorités, la compréhension de la diversité, la recherche du consensus et l’importance des équilibres.»

Minorités négligeables
En héritier du parti qui a créé la Suisse moderne en 1848, Pascal Couchepin s’irrite encore de l’attitude des Alémaniques ayant tendance à considérer les Latins comme des minorités négligeables. «Ce débat sur les langues est un coup de canif dans un système très délicat qui peut en supporter un, deux ou trois peut-être. Mais, à la fin, la blessure risque d’être incurable», avertit-il.

Toutes ces questions, les enseignants frondeurs ne se les posent pas une seconde. Ils sont très impatients, désireux de corriger le tir sans tarder. Cela même si aucune base scientifique ne vient étayer leurs dires. Et pour cause: «A Lucerne, la première volée d’élèves ayant étudié anglais et français en primaire n’achève sa scolarité que cet été», précise Charles Vincent à la DIP lucernoise. Chaque année, celle-ci procède à des tests dans plusieurs branches chez les élèves de huitième et neuvième: «En français, les résultats sont stables», relève encore Charles Vincent.

Dans l’immédiat, la balle est dans le camp de la CDIP, dont le nouveau président, le conseiller d’Etat bâlois Christoph Eymann, a le mérite de tenir un discours clair: «Non, je ne crains pas de guerre des langues. Il n’est pas question d’abandonner la deuxième langue “étrangère” à l’école primaire», affirme-t-il. «Il ne faut pas risquer un fossé linguistique à la belge.»

Christoph Eymann s’apprête donc à prendre son bâton de pèlerin pour prêcher aussi la cohésion nationale auprès des sociétés d’enseignants alémaniques. Il table sur le dialogue et l’écoute. Il dit prendre leurs critiques au sérieux. «Je suis d’accord d’envisager des dispenses individuelles, mais pas généralisées.» Peut-être faudra-t-il aussi augmenter les offres d’appui aux élèves en difficulté.

N’en déplaise aux cantons qui s’accrochent à leur souveraineté en la matière, le dossier est aussi fédéral. Au sein de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national, les socialistes Matthias Aebischer et Jean-Français Steiert livrent un combat à fleurets mouchetés face à l’UDC Peter Keller. Ce dernier, historien de formation, ex-enseignant au gymnase, aujourd’hui auteur à la Weltwoche, a multiplié les interventions en faveur d’une seule langue étrangère en primaire.

«Mais je ne suis pas contre le français. Il faut arrêter de faire de ce thème une question de survie pour la Suisse», précise-t-il. La preuve? Il suggère deux compromis possibles: «Si on opte pour une seule langue, je suis prêt à m’engager pour le français», assure-t-il. «Ou alors, on déclare la deuxième langue facultative. De toute façon, il faut consulter le peuple», ajoute-t-il. Jean-François Steiert n’entre pas en matière sur ces deux pistes: la première est politiquement irréaliste et la deuxième inacceptable.

Le souci de la cohésion
Les partisans des deux langues ont deux bases juridiques en leur faveur. Acceptée en mai 2006 à une majorité de 86%, la nouvelle mouture de l’article 62 de la Constitution stipule qu’il faut harmoniser les objectifs pédagogiques (HarmoS), en accordant un pouvoir de légiférer au ministre de l’Intérieur – Alain Berset – en cas de mésentente entre les cantons. Quant à l’article 15 de la loi fédérale sur les langues en vigueur depuis 2010, il encourage clairement les compétences dans une deuxième langue nationale.

Alain Berset l’a déjà dit au Conseil national. Il privilégiera la cohésion nationale, ce qui lui a déjà valu l’étiquette de «bailli des langues» en Suisse centrale. Peter Keller s’est insurgé contre la prise de position du ministre de l’Intérieur. «C’est absurde de vouloir tout harmoniser. C’est le fédéralisme qui fait la force de la Suisse», assure-t-il.

A la tête de l’Office fédéral de la culture depuis six mois, Isabelle Chassot observe l’évolution du débat non sans inquiétude. Que les Suisses adoptent l’anglais comme langue de communication est pour elle quelque chose d’incongru, d’inimaginable même. «Raisonner ainsi, c’est réduire une langue à son aspect utilitaire, alors qu’elle comporte aussi des aspects culturels: elle reflète l’environnement de ceux qui la parlent, leur vision du monde, leurs mécanismes de pensée, leurs traditions.»

Une chose est sûre. La CDIP, les cantons et les enseignants ont intérêt à résoudre cette question avant qu’elle suscite une initiative populaire au niveau fédéral. Dans la rue, à Willisau comme ailleurs, le débat est si émotionnel que personne ne donne cher de la cohésion nationale si on devait en arriver là.

michel.guillaume@hebdo.ch
Blog: «Le blog de Michel Guillaume», sur www.hebdo.ch


Après le Röstigraben, le Reussgraben

Fossés.Le paysage linguistique suisse ne rime plus seulement avec Röstigraben. Un nouveau fossé est apparu à la hauteur de la Reuss, qui prend sa source au Gothard pour se jeter dans l’Aar. A l’ouest, les cantons, gentils, qui privilégient le français. A l’est, ceux qui idolâtrent l’anglais.

Cliquez pour agrandir

En dates
1914 Le Röstigraben naît des tensions entre Romands francophiles et Alémaniques germanophiles
1970 Création de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP).
2004 Compromis au sein de la CDIP sur l’enseignement de deux langues étrangères en primaire. Libre aux cantons de dire laquelle en premier.
2013 Des initiatives remettent en cause le compromis de 2004.

Ceux qui défendent le français

«Une Suisse sans les Latins ne serait même pas une Suisse en miniature. Il lui manquerait le respect
des minorités, la recherche du consensus, l’importance
des équilibres.
» Isabelle Chassot, cheffe de l’Office fédéral de la culture

«C’est un coup de canif dans le système suisse très délicat, qui peut en supporter deux ou trois. Mais à la fin, la blessure risque d’être incurable.» Pascal Couchepin, ancien conseiller fédéral

Ceux qui le menacent

«Il est absurde de vouloir tout harmoniser, car c’est précisément le fédéralisme qui fait la force de la Suisse.» Peter Keller, conseiller national (UDC/NW)

«C’est un problème uniquement pédagogique. Certains élèves se disent frustrés par le français et s’engagent dans une spirale négative.» Mathias Kunz, enseignant secondaire à Willisau (LU)


Des Romands pas si exemplaires

Réplique. Entre francophones et germanophones, nous avons au moins un point commun: des profs qui ne croient pas à l’enseignement des langues.

Dans la guerre qui s’annonce, les Romands aiment se considérer, face aux traîtres alémaniques, comme les fidèles, les premiers de classe de la solidarité confédérale.

C’est vrai qu’ils ne remettent pas en cause la primauté de l’allemand ni l’enseignement de deux langues «étrangères» au primaire. Mais ils ont, avec les Alémaniques, un point commun décisif: des profs radicalement défaitistes quant à l’efficacité d’un tel enseignement.

A la rentrée 2012, lorsque l’anglais est entré à l’école primaire, la faîtière syndicale des enseignants romands (SER) convoquait une conférence de presse pour dire «attention, on va dans le mur»! Prétendre que l’on peut enseigner l’allemand et l’anglais à tous est un mensonge. Noir sur blanc, le SER l’affirme: «On n’apprend pas une langue à l’école.» Ça a au moins le mérite d’être clair.

En réalité, ajoutent ces pédagogues bien renseignés, les langues n’étant pas des branches comme les autres, il y a une manière et une seule d’y parvenir: c’est l’enseignement par immersion. Bien vu. D’ailleurs, Bienne s’y est mise récemment, avec succès. Alors, on y va? On se bat pour des accords interrégionaux et un joyeux brassage de profs de toutes les couleurs?

Non, les profs romands ne se battent pas pour l’enseignement bilingue, ils considèrent sa mise en place comme irréaliste. Ils trouvent réaliste en revanche de confier l’enseignement de l’allemand à des profs locaux qui ne le maîtrisent pas, plutôt qu’à des compétents trop exotiques. De ces prémisses découlent leurs recommandations: faisons le deuil de nos illusions. Misons, à l’école, sur une «sensibilisation», mais cessons de croire qu’un apprenti de commerce romand peut d’emblée prétendre répondre aux appels téléphoniques en allemand. Merci pour votre enthousiasme, Mesdames, Messieurs, un vrai baume pour notre suissitude.

Si les Romands étaient les premiers de classe de la solidarité confédérale, ils mettraient un point d’honneur à démontrer que oui, c’est possible: on peut apprendre deux langues «étrangères» à l’école. Quitte à déplacer quelques profs.


Deux modèles inspirants

Exceptions.Les Tessinois apprennent trois langues obligatoires sans drame. Berne innove dans la pédagogie.

Contrairement aux autres Confédérés, les Tessinois s’astreignent à trois cours de langue obligatoires. L’apprentissage du français commence en cinquième année scolaire (vers 9 ans), suivi de l’allemand, quatre ans plus tard. En dixième année (14 ans), la langue de Voltaire devient facultative. Et laisse la place à l’anglais. «L’objectif de ce système, qui a été mis en place par étapes depuis l’année scolaire 2004-2005, est de ne pas avoir trois langues imposées en même temps», précise Manuele Bertoli, directeur du Département de l’éducation, de la culture et du sport tessinois.

S’il est intense, cet enseignement plus tardif n’est pas remis en cause. «Contrairement à nos voisins alémaniques ou romands, nous avons instauré les cours à un stade où chaque professeur donne les branches qu’il a choisi d’enseigner.» Reste que les compétences linguistiques des élèves dépendent avant tout du parcours et des capacités de chacun. «Notre modèle est bon, mais il ne faut pas croire qu’il permet à tous de terminer l’école obligatoire avec une connaissance complète des langues.» A cheval sur la frontière linguistique, Berne fait partie des six cantons de l’association Passepartout qui privilégient le français (dès la troisième année depuis 2011) par rapport à l’anglais (en cinquième depuis 2013). «Les enfants ne sont ni stressés ni dépassés», note Margreth Däscher, cheffe de projet à la Direction de l’instruction publique (DIP).

Le canton bilingue tente de rapprocher les méthodes d’enseignement des deux langues. Fini, la focalisation sur le vocabulaire et la grammaire. Dès l’âge de 9 ans, les élèves apprennent le français à travers le concept Mille feuilles. Ils se plongent dans le polar du monstre de l’alphabet qui vole les mots du collectionneur M. Point. A l’aide de cédéroms, ils écoutent la musique de la langue, chantent et jouent l’histoire sur scène. But de la démarche? Favoriser le courage de s’exprimer et ôter la peur de commettre des erreurs. Pour l’anglais, les enseignants utilisent la méthode New World, marquée par la même approche. «Il est important de mettre les langues en réseau plutôt que de les additionner», souligne Margreth Däscher.

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Christine Bärlocher / ex-press
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