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Le plus grand laboratoire communautaire d’Europe ouvre à Renens

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Jeudi, 22 Mai, 2014 - 05:57

Zoom. Baptisée UniverCité, la structure dédiée à la biologie et au design sera inaugurée le 26 mai. Son but: faire émerger des innovations hors du cadre académique et entrepreneurial.

Sophie Gaitzsch

De l’encre biodégradable à base de bactéries, un test pour identifier la présence d’une espèce animale dans un aliment – par exemple du cheval dans des lasagnes – ou encore des composants électroniques biodégradables: ces projets ne sont pas nés dans les grands laboratoires des universités ou des entreprises, mais au sein de structures communautaires inspirées de la tendance do it yourself. Ces espaces réunissant bidouilleurs passionnés et matériel de seconde main ont vu le jour aux Etats-Unis avant de se répandre à travers le monde.

Laboratoire ouvert à tous

La tendance s’installe en Suisse romande avec un projet d’envergure baptisé UniverCité: un laboratoire ouvert à tous gratuitement, d’une surface de 1000 m2, dans le bâtiment des Imprimeries Réunies Lausanne, à Renens (VD). Il s’agit de la plus grande entité de ce type en Europe. L’idée a germé dans l’esprit de Carmelo Bisognano, responsable de la stratégie pour le réseau de promotion de l’innovation Inartis, et de Benoît Dubuis, président de la plateforme des sciences de la vie de Suisse occidentale Bioalps et directeur du Campus Biotech de Genève.

«De nombreux domaines ont vécu une phase garage, des jeunes qui se réunissent dans un cadre informel pour développer de nouveaux concepts, explique Carmelo Bisognano. Des fleurons comme Apple, Microsoft ou encore Skype sont nés ainsi. Mais la biologie n’a pas vécu cette révolution. Aujourd’hui, nous souhaitons ouvrir la discipline vers l’extérieur, la pousser vers cet esprit créatif.» L’arc lémanique, pôle biotech et medtech regroupant 5000 chercheurs dans 750 entreprises et 500 laboratoires, se profilait comme l’emplacement tout désigné.

Faire dialoguer les compétences

Les locaux sont équipés de matériel récupéré: centrifugeuse, outils de stérilisation et de nettoyage, microscope ou encore spectromètre. «Le lieu intéresse avant tout les scientifiques qui veulent mener à bien une initiative personnelle qu’ils ne peuvent pas poursuivre dans leur université ou leur entreprise car elle n’est pas suffisamment pointue ou rentable, explique Carmelo Bisognano. Mais il s’adresse au plus grand nombre.»

Autre particularité: UniverCité comprend aussi un espace dédié au design, muni notamment d’une imprimante 3D. Pour le designer Sébastien Actis-Datta, responsable de ce volet, «le but consiste à faire dialoguer des compétences qui ne se côtoient pas d’habitude».

L’essence du laboratoire communautaire, c’est aussi son esprit open source. «Nous misons sur le partage de savoir-faire et la mise à disposition de techniques à la communauté, indique Carmelo Bisognago. Ce qui n’exclut pas l’émergence d’une proposition commerciale à un moment donné, par exemple avec la mise en place de services payants autour d’une technologie gratuite.»

Démarches facilitées

L’initiative séduit le jeune ingénieur Rémy Tourvieille, consultant et entrepreneur, qui développe un projet dans le domaine cardiovasculaire. «Je manque de fonds, ce qui m’empêche d’avancer. Dans un laboratoire communautaire, je trouve les outils dont j’ai besoin mais que je ne peux pas m’offrir. J’aurais accès à ces infrastructures à l’EPFL, où j’ai étudié, mais les procédures sont très longues. Ici, j’évite des démarches compliquées, je peux tester rapidement une idée et évaluer si elle est prometteuse.»

UniverCité profite du soutien de la municipalité, qui met les locaux à disposition et recherche actuellement des fonds auprès de partenaires locaux pour assurer ses coûts d’exploitation, qui s’élèvent à 500 000 francs par an. Quelles technologies émergeront du laboratoire de Renens? Pour l’instant, mystère. Mais Carmelo Bisognano se prend à rêver d’innovations de rupture qui, à l’image du smartphone, viendraient révolutionner le marché. Quant aux futurs participants, ils seraient déjà une vingtaine à attendre l’inauguration.

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Darrin Vanselow
Jean-PIerre Grisel Tamedia Publications
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