Zoom. Destiné à devenir le best-seller de la marque allemande, le Macan fait beaucoup d’efforts pour ressembler à une «vraie» Porsche.
Le 4x4 Cayenne est de loin le modèle le plus vendu de la gamme Porsche. Pesant, encombrant, mais si statutaire, le véhicule incarne la concession de la marque sportive aux demandes du marché. Et à celles de son propriétaire Volkswagen. La stratégie commerciale fonctionne à merveille: Porsche est la marque la plus profitable du monde. Comme la tendance des gros tout-terrain polluants s’essouffle, le constructeur de Stuttgart vient épauler le Cayenne d’un 4x4 compact bien plus racé, le Macan (tigre, en indonésien). Le véhicule n’est certes pas une libellule. Il pèse 1,9 tonne et mesure 4,7 mètres de long. Son châssis est celui de l’Audi Q5, un SUV du groupe VW qui donne également au Macan l’une de ses motorisations: un diesel turbo de 258 ch.
Ce 4x4 de taille moyenne fait beaucoup d’efforts stylistiques pour évoquer les «vraies» Porsche, à commencer par la 911. Trappu (1,6 mètre de haut), le Macan propose une ligne de toit plate qui plonge vers l’arrière. Cette flyline finit par s’appuyer sur les larges épaules des ailes, une caractéristique des sportives de la marque. Le dessin des optiques confirme la parenté avec la dernière génération de la 911.
L’intéressant est la personnalité de ce 4x4. Rien à dire sur la tonicité du moteur à essence biturbo 3 litres du Macan S (340 ch) ni sur celui de la version Turbo (400 ch), tous deux associés à une boîte sept vitesses à double embrayage. La transmission intégrale active est certes adaptée aux exigences du tout-terrain, mais elle est si flexible, si intelligemment conçue qu’on la dirait adaptée à la seule route de bitume. Les garde-fous électroniques pour la tenue de route, la traction ou l’amortissement sont légion. Les sièges bas de l’habitacle comme le nouveau volant à trois branches en provenance de la Porsche Spyder 918 hybride, la voiture de route la plus puissante jamais conçue par Porsche, s’inscrivent également dans la tradition sportive du constructeur.
Comme du Tarantino sans violence
Or, une fois la porte refermée, l’esprit du Macan S change. Pas tout de suite. Le moteur s’anime avec un «voufff!» profond qui augure bien de la suite… laquelle se révèle pourtant remarquablement silencieuse. Le travail d’isolation est tel, notamment au niveau des bruits de roulement, que le conducteur est coupé de son propulseur. C’est un V6 plutôt que l’identitaire six-cylindres à plat boxer des 911, mais ce n’est pas une excuse. Malgré son couple de catapulte, sa réactivité sur toutes les plages de régime et sa sophistication technique, le moteur évoque à l’oreille celui d’une puissante Audi sportive. Une Porsche sans grondement métallique dans l’habitacle, si identitaire de la marque, c’est un film de Tarantino sans violence chorégraphiée. L’un des fondamentaux manque au rendez-vous.
Mais on s’y fait. Surtout que, par extraordinaire, le comportement dynamique du Macan ressemble lui aussi à une Audi sportive, non à un SUV sur-vitaminé comme le Q5 RS, plutôt un break S4 Avant. Oubliez la hauteur du centre de gravité ou le poids du véhicule: le Macan a une précision et un équilibre confondants. Bien aidé par sa direction électromécanique, il se coule avec agilité dans les courbes, freine avec une efficacité rare pour ce type de machine. Pas de roulis, pas d’inertie, aucune lourdeur. Etonnant.
A l’intérieur, la qualité de la finition et des matériaux (à part quelques éléments en plastique) est au rendez-vous. Mais les places arrière sont exiguës comme le volume du coffre est restreint. Là aussi, un clin d’œil aux «vraies Porsche», même s’il est involontaire!