Zoom. Des administrations interdisent le visionnement des matchs sur le lieu de travail, notamment pour éviter d’engorger les réseaux. Tandis que certaines entreprises autorisent des aménagements du temps de travail ou mettent des téléviseurs à disposition.
William Türler
A l’approche de la Coupe du monde de football au Brésil, une question se pose avec acuité au sein des entreprises et des municipalités: comment concilier le visionnement des matchs, notamment ceux de l’équipe nationale, avec le respect des heures de travail au bureau et le sommeil du voisinage? En raison du décalage horaire, de nombreuses rencontres débuteront en Suisse à 18 heures, 21 heures ou minuit. Un aménagement est-il envisageable pour les personnes qui souhaiteraient sortir plus tôt du travail et, surtout, arriver plus tard le matin après les soirs de matchs?
En Allemagne, des syndicats ont déposé une demande visant à adapter les horaires des employés dans le cadre de la compétition. Ils ont reçu un accueil favorable du patronat se déclarant prêt à faire un geste pour les rencontres auxquelles participe la Mannschaft. Qu’en est-il en Suisse? Dans l’ensemble, aucune adaptation des horaires ne semble à l’ordre du jour. En revanche, certains organismes se montrent plus prévoyants que d’autres. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a, par exemple, récemment envoyé un e-mail au personnel concernant l’utilisation de l’internet sur le lieu de travail. Le but étant d’éviter que les connexions n’explosent «surtout lors d’événements de grande envergure» et ne paralysent les supports de communication, comme cela a pu être observé par le passé.
«Depuis quelque temps déjà, une forte augmentation des connexions à l’internet a été constatée, entraînant un engorgement au sein du réseau informatique de la Confédération, relève le porte-parole du DFAE, Pierre-Alain Eltschinger. Il en résulte un ralentissement notoire, voire, dans certains cas, une interruption de la transmission des données. Ce courriel a pour but de sensibiliser nos collaborateurs à cette problématique.» D’autant que le ministère a besoin à tout instant de conserver des moyens de communication fiables avec ses quelque 170 représentations réparties dans le monde.
S’interrogeant sur le bien-fondé d’une utilisation à des fins privées des moyens de communication mis à disposition par l’employeur, le DFAE envisage de procéder durant le mois de juin à une mesure des «activités internet». Celle-ci pourra déboucher sur des évaluations individuelles et d’éventuelles sanctions en cas d’utilisation excessive.
Responsabilité des collaborateurs
Lors du Mondial de 2010 en Afrique du Sud, l’association professionnelle britannique Chartered Management Institute avait estimé les pertes de productivité pour les entreprises anglaises à environ 1,6 milliard de francs. L’organisation avait tenu compte d’une perte moyenne de 2,35 heures de productivité par employé au cours de l’événement. En raison de la diffusion tardive des matchs cette année, épargnant en partie les heures classiques de travail, les entreprises helvétiques ne semblent pas, pour l’instant, s’inquiéter outre mesure à ce sujet.
Chez Credit Suisse, sponsor de l’équipe nationale depuis une vingtaine d’années, aucune directive spécifique n’a été édictée. Lors de toutes les grandes manifestations sportives, le principe consiste à se fier à la responsabilité des collaborateurs et des chefs de service. «Par ailleurs, les employés devant suivre des horaires réguliers, tels que les collaborateurs aux guichets, ne travaillent plus à 18 heures», note le porte-parole de la banque, Jean-Paul Darbellay. Libre aux autres d’aménager leur emploi du temps, dans le cadre d’un management «par objectif».
Même discours chez Nestlé Suisse, où aucun aménagement particulier n’est prévu. «De manière générale, nous faisons confiance à nos collaborateurs, qui s’organisent en conséquence», note le porte-parole, Philippe Oertlé. Il souligne que divers téléviseurs sont présents au sein du groupe à La Tour-de-Peilz et que l’on peut les allumer si intérêt. Idem pour les ordinateurs. «Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que l’on doit passer son temps à regarder les matchs!»
Lieux publics réglementés
Qu’en est-il du côté des espaces publics? Les dispositions en matière de diffusion des matchs varient selon les communes. A Lausanne, les établissements peuvent déposer une demande d’autorisation auprès de la police du commerce afin d’adapter leurs horaires et placer des écrans de 5,5 mètres de diagonale au maximum en terrasse. Les ouvertures seront tolérées jusqu’à 2 heures du matin au plus tard. A Genève, à l’image des précédents grands événements sportifs depuis 2008, les écrans resteront interdits sur les terrasses et hors des murs des établissements sur tout le territoire de la ville. Une fan zone est cependant prévue sur l’espace du parking du centre sportif des Vernets. Reste l’option de tourner les écrans vers l’extérieur, derrière les vitrines. A condition, néanmoins, de ne pas monter le volume outre mesure: le Département de l’environnement urbain et de la sécurité prévient que la police procédera à des contrôles et sanctionnera les abus, au cas par cas.