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Ces politiques économiques qui ruinent les pays riches

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Jeudi, 24 Juillet, 2014 - 05:54

Critique. Les gouvernements ne parviennent pas à développer de nouveaux modèles de croissance à la suite de la crise de 2008. Pourtant, il y a urgence.

Les pays développés sont devenus des stimulus junkies (accros à la croissance) depuis la crise des subprimes. En mettant en place des politiques à taux d’intérêt bas et en s’obstinant à retrouver le taux de croissance de 2007, les gouvernements perdent la confiance de leurs citoyens. S’ils pensent pouvoir retrouver le niveau de vie d’avant-crise, ils ont tout faux, selon le livre When the Money Runs Out. The End of Western Affluence (Lorsque l’argent s’épuise. La fin de la croissance occidentale).

Certes, le titre est alarmant. Mais les arguments de l’auteur, Stephen D. King, sont percutants. Même s’il se montre défaitiste sur les solutions à la crise, il tient cependant à croire que tout n’est pas joué: «Le titre est seulement une tournure de mots, il n’est pas à prendre au sens propre…» Un simple avertissement, donc. L’économiste en chef de HSBC, première grande banque britannique, ne suggère alors pas à ses lecteurs de se retirer dans un paradis et de chercher la sécurité. En fait, il analyse les pays développés, car «ils ne sont plus capables de générer de la richesse».

Né en pleine effervescence «pop», en 1963, l’économiste ne retient pas de ces années-là les Beatles ou Jimi Hendrix, mais plutôt une réalité froidement économique. Pendant les quarante premières années de sa vie, le revenu par habitant au Royaume-Uni a presque triplé. Aussi, il se montre critique envers la décennie 2010: le revenu par habitant n’a plus augmenté que de 4% en Grande-Bretagne. Son constat est sans appel: «L’économie va très mal.»

Ces chiffres ne seraient pas inquiétants si la population ne s’était pas habituée à voir son niveau de vie augmenter sans cesse, analyse Stephen D. King. Et d’accuser les gouvernements des pays développés d’avoir entretenu un espoir vain en promettant des taux de croissance probablement inatteignables.

L’auteur s’efforce de démontrer que les gouvernements persistent à utiliser les mauvaises politiques macroéconomiques, dites «stabilisatrices».

Pessimiste mais réaliste

Deuxième constat: les politiques qui ont été adoptées par les pays développés ne cessent de créer des inégalités, de par cette incapacité à générer de la richesse. Un phénomène que l’économiste n’essaie pas directement d’expliquer, mais dont il étudie les conséquences sur les économies «stagnantes». Il s’appuie sur Adam Smith, père de l’économie politique, pour expliquer que ce stade stationnaire entraîne une perte de confiance entre la société et l’Etat.

La troisième inquiétude de Stephen D. King repose sur les pays développés et leur obsession du plan de relance. Les Etats parient sur les mauvaises politiques, comme un taux d’inflation bas, afin de retrouver une croissance satisfaisante. Or, estime l’auteur, «sur le long terme, les taux d’intérêt bas entretiennent davantage l’échec économique qu’ils n’activent une future reprise».
Les éléments qui ont stimulé la croissance il y a quelques années (par exemple la démographie) sont maintenant un handicap en raison d’une population qui ne cesse de vieillir.

King ne propose pas de recette miracle, mais il tente quelques suggestions. «Si les gens se font confiance et font confiance aux institutions, ils seront davantage amenés à faire marcher l’économie.» Pour améliorer les relations qu’entretiennent les Européens avec Bruxelles, il propose par exemple la création d’une union fiscale au sein de la zone euro. Une union qui devrait encourager la circulation des travailleurs et répondre ainsi aux besoins du marché de l’emploi. Et qui devrait faciliter les investissements là où les salaires sont bas. Cette union aurait la compétence d’intervenir pour corriger les éventuels blocages du système.

L’auteur prend d’ailleurs l’exemple d’un salarié espagnol pouvant se déplacer dans le nord de l’Europe, où l’emploi est plus favorable. Curieusement, le livre n’évoque pas la lutte contre le dumping salarial, alors qu’il dénonce une société à deux vitesses.

L’économiste pense que les banques centrales devraient réguler chaque banque, obligeant les politiques à adopter une stabilité à long terme au lieu de se concentrer sur les bénéfices à court terme. Enfin, les instituts d’émission doivent abandonner leurs objectifs de maîtrise de l’inflation.

Stephen D. King sous-estime-t-il les difficultés politiques pour mettre en place ces solutions? Ne met-il pas les Etats-Unis dans le même panier que l’Europe? Plusieurs questions restent en suspens. Mais cet ouvrage accessible à tous réussit à véhiculer son message principal. Si les politiques économiques continuent comme maintenant, nous ne retrouverons pas notre bon vieux taux de croissance d’avant 2007. La situation est pire qu’on ne le croit, mais elle n’est pas désespérée.

«When the Money Runs Out – The End of Western Affluence».
De Stephen D. King. Yale University Press, 261 pages.

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