NEUCHÂTEL. Ce canton est le plus en retard de Suisse romande à l’heure de restructurer son paysage hospitalier.
Il faudra tout effacer, apaiser les rivalités exacerbées entre le haut et le bas du canton et repartir de – presque – zéro. Le référendum qui a été lancé contre les décisions du Grand Conseil concernant l’avenir de son hôpital multisite vient d’aboutir. Il fait perdre du temps, mais peut aussi constituer une chance. Le montant des prestations d’intérêt général de l’Hôpital neuchâtelois (HNE) a explosé pour atteindre 80 millions de francs en 2012, soit la moitié du financement étatique de l’établissement. Il est impensable de poursuivre dans cette spirale de coûts.
Au Château, Laurent Kurth vient de reprendre ce dossier aux multiples rebondissements. Le nouveau chef de la Santé laisse entendre qu’on a fait fausse route ces dernières années: «Je souhaite empoigner le dossier hospitalier dans d’autres dimensions que jusqu’ici, constate-t-il. Nous avons procédé à une répartition des missions entre les sites au lieu de commencer, d’une part, par établir les besoins de santé de l’ensemble du canton et, d’autre part, de chercher à ancrer le système neuchâtelois dans un espace intercantonal.»
En retard. En Suisse romande, Neuchâtel est de loin le canton le plus en retard dans ses réformes. Juste avant la fin de la législature, le Grand Conseil s’est contenté de répartir les missions de l’HNE dans une vision purement régionaliste. La maternité et la chirurgie ambulatoire sur le site de Pourtalès à Neuchâtel, la chirurgie stationnaire à La Chaux-de-Fonds. A chacun sa part de soins aigus, à chacun son bloc opératoire tournant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à chacun une once du prestige que confèrent ces missions-là. Aujourd’hui, le réveil est brutal. Malgré toutes ses imperfections, le système DRG oblige à un exercice de transparence qui met à nu les lacunes criantes de l’HNE à l’heure de maîtriser ses coûts. Dans un premier temps, le socialiste Laurent Kurth dénonce le fonctionnement intrinsèque des DRG. «Il faut remettre en question cette logique de concurrence qui conduit, dans l’économie publique, à une escalade des coûts au lieu de susciter des économies, contrairement à ce que l’on peut observer dans la véritable économie de marché», déclare-t-il.
Cela dit, Laurent Kurth ne pourra pas échapper à une réforme décidée par les Chambres fédérales et devra forcément enclencher un plan d’économies au sein de l’HNE, en commençant par limiter ses prestations d’intérêt général, qui ne sont toujours pas chiffrées dans le détail. Le nouveau chef de la Santé s’est donné six mois pour écouter tous les acteurs neuchâtelois de ce domaine avant de prendre de premières décisions. Dans l’immédiat, il craint beaucoup le référendum qui vient d’aboutir. «Ce référendum est un poison, car il entretient un climat de rivalité entre les partis, les régions et même au sein de l’hôpital.»
L’un des auteurs du référendum, le député PLR Philippe Haeberli, n’est pas de cet avis. «Si on continue dans la logique du Grand Conseil, on risque d’entraîner une fuite des patients et de transformer à terme le canton en désert hospitalier en matière de soins aigus», insiste-t-il. La question d’un site unique, que ce soit pour les soins aigus ou pour la réadaptation, est plus actuelle que jamais.
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