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Comment Nespresso soigne ses fermiers colombiens

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Jeudi, 28 Août, 2014 - 05:56

Zoom. En collaboration notamment avec Fairtrade International, la filiale de Nestlé a mis en place un programme de retraite en faveur des producteurs de café.

Prenez deux couleurs complémentaires comme le rouge et le vert. Mélangées, elles révèlent un brun sinistre. Mises côte à côte, elles s’exaltent mutuellement et s’enrichissent de leur différence. C’est apparemment ce qui arrive à Nespresso, une entreprise du géant Nestlé, et Fairtrade International, modèle de commerce alternatif qui soutient les petits agriculteurs travaillant dans les pays en voie de développement. Le Breton Guillaume Le Cunff, directeur marketing et développement durable de Nespresso, raconte non sans fierté comment sa société, Fairtrade International, une coopérative de producteurs, et le Ministère du travail colombien ont mis en place un programme de retraite auquel ont déjà souscrit 600 fermiers dans la région de Caldas, en Colombie.

«Le rêve d’une ONG est que tout le monde adopte les mêmes pratiques. Celui d’une marque est d’être différente des autres, commente-t-il. Entre ces deux aspirations opposées se crée une tension. Pour la gérer, il convient de travailler ensemble.» Profitant de la mise sur pied par le gouvernement colombien d’un système de retraite jusqu’ici inexistant, l’entreprise suisse et l’ONG viennent de concocter, avec les principaux intéressés, un fonds de pension dans lequel Nespresso a injecté 300 000 dollars pour sa première année. Le gouvernement colombien complète à hauteur de 20% le montant épargné par les fermiers dans le fonds.

Ambitieux mais modeste

Un acte philanthropique? Guillaume Le Cunff s’en défend, tout comme Harriet Lamb, CEO de Fairtrade International, qui voit dans cette opération un jeu «gagnant-gagnant: les consommateurs bénéficient d’un produit de grande qualité et les producteurs de café voient leur condition de vie s’améliorer». D’un âge moyen de 53 ans, les fermiers colombiens reçoivent dans la vente de leurs produits un supplément de prix qu’ils peuvent placer dans leur fonds de retraite. Du coup, ils sont en mesure d’envisager l’avenir de leur exploitation avec un peu plus de sérénité et de prévoir raisonnablement que leurs enfants prennent la suite. Pour Nespresso, c’est la garantie d’un marché stable à long terme.

Cette initiative considérée par ses promoteurs comme «un laboratoire qui doit encore faire ses preuves» est la suite logique du programme AAA lancé en 2003 par Nespresso en collaboration avec Rainforest Alliance, une autre ONG qui œuvre pour conserver la biodiversité et assurer des moyens de subsistance durables aux populations locales. Des liens quasi personnels ont donc été tissés depuis dix ans avec les fermiers bénéficiant aujourd’hui de ce programme de retraite.

«Ambitieux mais modeste.» Guillaume Le Cunff insiste sur cette formule. Il cherche à éviter deux écueils: celui d’une multinationale du Nord qui dirait aux petits paysans du Sud comment gérer leur destin, et celui d’une entreprise qui se donnerait bonne conscience en faisant de la politique sociale à moindres frais. Faire profil bas tout en gardant la tête haute, c’est tout un art! C’est à Davos en 2012, à l’occasion d’une conférence sur le chocolat au World Economic Forum (WEF), qu’il a rencontré Harriet Lamb, qui n’était pas encore CEO de Fairtrade International. Depuis lors, leur collaboration n’a fait que se renforcer.

Cap sur l’afrique

Nespresso veut désormais que le développement durable concerne 100% (et non seulement 84% actuellement) de son café. Pour ce faire, la société suisse privilégie le Kenya, l’Ethiopie et le Soudan du Sud, en collaboration avec l’ONG américaine TechnoServe. En 2014, elle a acheté dix tonnes de café au Soudan, un pays ravagé par la guerre. Dans les années à venir, le continent noir bénéficiera aussi du projet d’agroforesterie actuellement en cours au Guatemala et en Colombie, avec le concours de l’ONG française Pur Projet. Sans arbre pour maintenir et vivifier les sols, toute plantation de caféiers n’est guère possible.

En multipliant des partenariats avec des organisations actives dans le développement durable, Nespresso donne à sa manière un signal au monde de l’économie. Agir de la sorte ne serait pas une mode mais une nécessité.

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